Secteur bancaire africain : le retrait des banques européennes • FRANCE 24

Secteur bancaire africain : le retrait des banques européennes • FRANCE 24

[Musique]
bonjour et bienvenue dans l’entretien de
l’intelligence économique l’émission
consacré au coulisse de la
mondialisation l’écosystème bancaire
africain bousculé par la
géopolitique face aux crises mondiales
l’Afrique de la finance doit s’adapter à
un environnement de plus en plus
instable mais peut-elle le faire seul
pour en parler je reçois Henry Wen
administrateur direct directeur général
de la Sophie banque une banque installée
en République démocratique du Congo
bonjour Henry wasenet B bonjour vous
assistez en ce moment depuis quelques
années au départ de toutes les banques
européennes pas seulement françaises de
l’Afrique et pour vous c’est un vrai
problème écoutez je je c’est un problème
qui est
incompréhensible l’Afrique nous avons
nous en France des liens historiques
avec l’Afrique il y a une importance
il y a une importance d’un point de vue
des matières premières euh des forêts et
et aujourd’hui on se retrouve sans
partenaires financiers non seulement les
banques françaises partent les banques
européennes partent mais elles refuse
même de travailler avec les banques qui
sont installées en Afrique donc là
dernièrement Société Générale BNP Banque
Populaire mais ai les Britanniques de
charter standard barclles tout ça ils
ont qu quitter l’Afrique tout le monde
quitte l’Afrique alors qu’on a besoin de
plus en plus de l’Afrique h donc on
laisse la place à d’autres acteurs des
Marocains les Nigériens les kenians mais
bientôt les Chinois pourquoi est-ce que
l’Afrique ne rapporte pas suffisamment
pour ces banques là vous savez toute
l’Afrique réunie c’est 1 % des flux
finan internationaux 1 % ça semble pas
beaucoup bon c’est beaucoup en terme de
valeur en montant mais en pourcentage
c’est très peu mais quatre fois plus
dans les années qui viennent son doute
oui mais les politiques de dirisking
voilà on veut moins s’embêter on
veut moins prendre de risque entre
guillemets et et le plus simple ben
c’est de couper là où ça ça ça nous
coûte le moins ouais alors le risque
c’est c’est quoi en Afrique pour une
banque bien sûr il y a les risques de
conformité les risques de compliance
donc la peur de la corruption la peur de
tout ça mais mais la vérité c’est que
souvent il y a mauvaise presse sur
l’Afrique les payé en mauvaise presse
mais la réalité aujourd’hui est
complètement différente les banques
centrales travaillent les gouvernements
travaillent ils ont conscience
aujourd’hui qu’ils ont besoin de système
financier sa mais aujourd’hui on peut
pas assaainir davantage le système
financier si les banques partenaires
nous nous aide pas et se retirre pour
autant est-ce qu’il y a du business à
faire en Afrique parce que partout où il
y a du business on devrait voir les
banques européennes oui alors d’un point
de vue de ce qu’on appelle le retour sur
investissement il est forcément là mais
comme on dit c’est 1 % des flux
financiers donc même quand vous gagnez
25 % sur 100 millions c’est pas pareil
que quand vous gagnez 25 % sur 10
milliards et ainsi de suite donc il y a
un problème de de de de de il y a la
rentabilité est là mais les le niveau de
rentabilité les montants ne sont
peut-être pas là qu’est-ce qui fait peur
aux banques européennes c’est c’est la
justice américaine qui pourrait
s’intéresser à leurs
activités en Afrique c’est ça qui a fait
peur ces dernières années qui fait
qu’elles s’en vont alors oui
certainement mais il y a des banques
américaines qui elles sont restées
présentes ah bon il y a City Bank qui
par exemple est présent en RD Congo donc
oui mais je pense qu’aujourd’hui si
chacun fait son travail le risque le
risque en Afrique n’est pas supérieur
que le risque de faire du business au
Mexique ou en Colombie il est mesurable
et on peut le limiter ce risque non
seulement il est mesurable et on peut le
limiter mais on a besoin de l’Afrique
vous savez vous avez 70 % du COBAT qui
ont RD Congo donc à un moment ou un
autre vous avez besoin d’exporter ce
cobalt vous avez besoin d’instrument
financiers pour le faire h donc autant
être présent premièrement pour vérifier
que ce cobalt est propre si vous n’êtes
pas présent vous pouvez pas le faire
pour être très clair est-ce que ces
banques qui européennes qui quittent
l’Afrique sont des banques sur le marché
des particuliers ou est-ce qu’elles sont
aussi sur le marché du trading beaucoup
plus général
oui elles partent
pour les part particulier c’est encore
pire ah oui oui pour les particuliers
c’est pire que pour le corporate que les
expatriés n’ont plus droit les expatriés
n’ont plus le droit à avoir un compte
dans les banques françaises on leur
ferme le compte alors bien sûr il y a eu
des interventions de de des députés des
Français et de l’étranger comme améia
lacrafie qui sont
intervenus pour que le droit au compte
s’applique mais le droit au compte qui
s’applique en France nous permet
d’ouvrir un compte mais avec un service
minimum mais ne nous permet pas de
recevoir les transfers venant d’Afrique
donc voilà c’est c’est c’est ça nous
aide un peu h et le retrait des banques
européennes est-ce qu’il y a une
conséquence sur ditesle-moi
l’augmentation des trafics financiers
illicites alors le problème des de de la
notion de flux financier illicite c’est
que il faut différencier il y a problème
de définition des flux financiers
illicites vous avez au sens strict et au
sens large au sens strict c’est ce qui
est de manière évidente illégale hm hm
euh et au sens large on va inclure
euh l’optimisation fiscale un certain
nombre de choses
euh à mon avis à mon homble l’avis au
sens strict du terme les flux financiers
illicites sont en régression d’accord
parce qu’il y a les outils existent
maintenant dans les banques pour les
repérer pour les repérer et cetera par
contre au sens large l’optimisation
fiscale euh et et tous les instruments
qui sont mis en place bon comme il y a
une on connaît la la la la croissance
mondiale donc forcément ils sont en
augmentation est-ce que ces banques
aussi ont su s’adapter en marché
particulier de de l’Afrique où qui est
très numérisé je vois par exemple que
les Télécom arrivent à capter les
comptes des particuliers donc notamment
orange qui est présent là-bas est-ce
qu’ils ont pas su justement réussir ce
ce transfert alors je vais prendre
l’exemple du pays dans lequel je
travaille où nous avons 5 % de bancaris
ouais mais vous avez un secteur informel
qui est de 75 % donc quand vous avez un
secteur informel de 75 % ça veut dire
que les 3/4 de votre de votre PIB il est
dans l’informel et donc s’il est dans
l’informel il peut être caractérisé
comme un flux financier illicite puisque
il y a pas de RCCM vous avez pas RCCM
registre du commerce il vous avez pas
d’identif
d’identifiant d’identifiant fiscal donc
c’est forcément un flux financier
illicite est-ce que pour autant c’est un
problème
oui mais est-ce que ce sont est-ce que
c’est c’est c’est c’est éthiquement
illégal est-ce qu’on va aujourd’hui
reprocher aux gens
euh de travailler dans l’informel où on
doit les aider à se formaliser mais
est-ce que les géants du Télécom ont pas
pris un marché aux banques justement qui
ont pas su s’adapter non parce que ce
marchél n’était pas un marché de banques
oui mais ça a pu y aller oui mais
euh c’est déjà difficile pour pour une
banque de de de faire une transaction de
1000 € pour envoyer à quelqu’un en
France c’est extrêmement compliqué c’est
beaucoup plus simple pour les Télécom
c’est beaucoup plus simple pour les
sociétés de messagerie type western unon
et autres donc ce n’était pas quelque
chose que nous étions CAPAES de faire ou
que nous pouvions faire h h euh qui
remplace euh les banques européenes
alors les Marocains les Marocains les
kennyans les Nigériens euh et puis moi
je suis persuadé que dans un avenir
proche les Chinois vont débarquer en
Afrique ils contrôlent déjà 80 % de de
de de l’exploitation des ressources
naturelles les infrastructures il n’y a
qu’un pas aujourd’hui pour que il
débarque dans donc pour l’instant il y a
pas de banque chinoise en Afrique en RD
Congo il y en a aucune on trouve une des
succursales de certaines banques
chinoises en Afrique du Sud mais c’est
extrêmement limité pour l’instant on va
dire que le gouvernement chinois
apparaît comme n’avoir pas pris de
décision stratégique pour envahir
l’Afrique avec ses banques mais vous
craignez que le jour où il y a le fuveur
du Parti communiste chinois là elle se
présente et rafle les marchés il est
évident que elles auront le feu vert un
jour ou l’autre et il est évident que si
on ne fait rien si nous occidentaux on
ne fait rien ils vont rafler la mise
ouais c’est d’ailleurs c’est pour ça que
c’est c’est triste de voir les banques
françaises se retirer elle devrait au
contraire venir s’étendre nouer des
partenariats mais elles le font pas et
donc il y a 10 ans 15 ans quand on a dit
que les Chinois allaient venir rafler
tout sur les M tout le monde a rigolé
puis maintenant ils ont tout pris quand
on a dit qu’ils allaient prendre toutes
les infrastructures on a rigolé
maintenant vous trouvez très très peu
d’entreprises françaises qui gagneent
des
marchés des marchés de construction et
s’ils arrivent en Afrique il ils
procéderont comment alors à mon avis il
est prenez un pays comme la RDC 80 % de
nos importations c’est viennent de Chine
80 % des exportations vont en Chine euh
donc ils vont racheter des banques ils
vont racheter des banques ils vont
imposer leur monnaie ah oui bah oui
pourquoi pas vous le voyez déjà ça parce
que ben déjà on voit de de plus en plus
de transaction dans d’autres monnaaies
que l’euro et le dollar ouais et donc si
elles sont installées les banques
chinoises
s’installent vous envoyez en roupie
indien aussi il y a aussi des des
opérations europi indiennees mais vous
savez aujourd’hui il y a 30 ans 80 % de
l’économie mondiale c’était les pays
occidentaux ouais aujourd’hui c’est 50 %
voilà donc et comme on a beaucoup mis la
pression on a beaucoup politisé les
transactions financières et ben c’est un
appel d’air pour créer des alternatives
donc il y a des alternatifes qui se
créent à suwift il y a des alternatives
qui se créent au méthodologie de
transaction financière et et voilà et
bientôt on aura deux systèmes parallèles
aussi puissants l’un que l’autre mais
avec un qui est en progr et l’autre qui
est en régression quand vous en parlez
alors au au ministres ou au
fonctionnaires français mais également à
Bruxelles comment les gens réagissent
non c’est c’est très très surprenant et
et en fait je JEI je suis je suis très
très perplexe parce que tout le monde a
conscience du problème mais personne ne
fait rien réag personne il y a pas de
réaction euh d’ailleurs vous vous avez
parlé de la Société Générale qui s’est
retirée du Maroc qui se retire bientôt
de Guinée conakri
donc non seulement il n’y a pas de
réaction mais c’est un mouvement qui est
en cours h un mouvement de retrait
est-ce qu’il faudrait un geste politique
pour encourager ces banques à rester en
en Afrique ou pas il faut toujours un
geste politique et je crois qu’on a
perdu ce réflex là et en France on est
on a la hantise de la France-Afrique
ouais et donc à chaque fois queon doit
intervenir dans quelque chose on a
toujour l’impression qu’on va nous
reprocher quelque chose mais à Bruxelles
il devrait être un peu plus moi je suis
pour la France en Afrique peut-être pas
pour la France Afrique mais pour la
France en Afrique la France doit venir
doit s’installer et la France est le fer
de lance finalement de l’Europe en la
matière puisque nous avons des liens
historiques c’est à nous aussi d’être
leader en la matière et on ne l’est pas
et et Bruxelles ne prend pas le relais
et les Allemands est-ce qu’ils prennent
le relais vous les voyez ou pas non on
voit pas les Allemands et
et c’est pas c’est pas c’est pas leur
leur chasse gardée entre guillemets
c’est pas ils ont ilit il y a pas
d’affinité il a difficulté sur la langue
il y a beaucoup de choses vous savez les
les Africains quand ils voyagent il ils
viennent en France ils viennent à Paris
ils viennent aussi à Bruxelles c’est
rarement l’Allemagne ouais qu’est-ce que
vous attendriez d’un d’un gouvernement
français là pour qu’il agisse vite pour
éviter cette cette perte d’influence
alors bon la perte d’influence on la
voit dans beaucoup de pays africains
mais bon je suis heureux quand même de
voir qu’aujourd’hui le le président
Macron le gouvernement français
le président Macron est venu est venu en
des Congo il a fait visites des visites
en Afrique
euh le conseill Afrique est venu je
pense que il y a une prise de conscience
il faut maintenant agir merci beaucoup
Henry wnet pour vos réponses l’entretien
de l’intelligence économique est terminé
évidemment vous pouvez retrouver cette
émission sur France24.com sur nos
réseaux sociaux et sur nos podcast au
revoir
[Musique]

L’écosystème bancaire africain est bousculé par la géopolitique. Face aux crises mondiales, l’Afrique de la finance doit s’adapter à un environnement de plus en plus instable. Mais peut-elle le faire seule ? Réponses avec Henry Wazne, administrateur directeur général de la Sofibanque, une banque installée en République démocratique congolaise.

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