« GTA » : les dynamiteurs de l’« American dream »



« GTA » : les dynamiteurs de l’« American dream »

by Folivao

5 comments
  1. **Série d’été : La saga « GTA », un rêve américain :**

    Episode 1: [« GTA » : comment un jeu de sales gosses est devenu un phénomène planétaire](https://www.reddit.com/r/france/comments/1er1sy3/gta_comment_un_jeu_de_sales_gosses_est_devenu_un/)

    Episode 2: [Mettre en avant le caractère violent et amoral de son jeu pour qu’il devienne populaire, la stratégie « GTA »](https://www.reddit.com/r/france/comments/1ervsgz/mettre_en_avant_le_caract%C3%A8re_violent_et_amoral_de/)

    Episode 3: [Dans « GTA », la ville où le joueur devient le héros de sa propre fiction ](https://www.reddit.com/r/france/comments/1evwwou/dans_gta_la_ville_o%C3%B9_le_joueur_devient_le_h%C3%A9ros/liugmmy/)

    Episode 4: [La voiture, outil incontournable dans la série « GTA »](https://www.reddit.com/r/france/comments/1ewq6iu/la_voiture_outil_incontournable_dans_la_s%C3%A9rie_gta/lj0dmls/)

    ____________________________________

    **« La saga GTA, un rêve américain » (5/5). Loin d’être un simple simulateur de braquage, la série « Grand Theft Auto » s’est au fil des épisodes progressivement muée en charge sarcastique contre les travers de la société américaine.**

    C’est un petit badge (un « succès », dans le jargon du jeu vidéo) qui s’affiche dans un coin de votre écran si vous devenez, dans Grand Theft Auto Online, propriétaire à la fois d’une maison, d’un garage et d’un véhicule assuré : « succès débloqué – 10 points – le rêve américain ». Depuis vingt-cinq ans, GTA, l’une des sagas de jeux vidéo les plus vendues au monde, a bâti une partie de son succès sur un dangereux exercice d’équilibriste : célébrer l’Amérique, tout en se moquant de ses excès, de ses injustices et de ses rêves.

    « GTA adore s’emparer d’éléments de la culture américaine pour jouer avec », détaille John Wills, directeur du centre des études américaines de l’université du Kent. Les différents titres se moquent aussi bien « du culte des célébrités, du christianisme, du lobby des armes à feu que du consumérisme ». Sans oublier, bien sûr, ses mythes fondateurs, et, donc, celui du « rêve américain », cet idéal historiquement défini comme la synthèse de la liberté et de la démocratie, devenu dans les années 1950 l’idée que la réussite matérielle était possible pour tous.

    GTA est loin d’être la première œuvre à s’y attaquer, mais ses innovations techniques comme celles de ses mécaniques de jeu en ont fait un objet qui épouse particulièrement bien les contours de la promesse américaine. Avec ses graphismes réalistes, la taille du monde qu’il simule et ses kilomètres de route, GTA III (le premier tout en trois dimensions) est le premier jeu qui donne aussi intensément à ressentir, manette en main, la promesse d’une liberté quasi totale. Peu après la sortie de GTA V, le site spécialisé Salon publiera un long essai, sous le titre « Bouge de là, Kerouac ! Grand Theft Auto incarne désormais le rêve américain ». La frontière, cet autre mythe américain de vastes espaces à explorer et à conquérir, a disparu depuis bien longtemps, écrit Salon ; mais GTA l’a recréée à grands coups de « couchers de soleil en 3D, avec toutes les couleurs poussées à fond ».

    **Une ode aux films de gangsters**

    Cependant, cette promesse de liberté trouve vite ses limites. En partie parce que GTA, qui reste articulé autour de grandes métropoles, rechigne à nous laisser nous en échapper. Mais surtout parce que les personnages que l’on y incarne – immigrés, criminels, marginaux – semblent pour la plupart condamnés à ne jamais réussir dans leur poursuite du bonheur.

    Les premiers jeux de la saga, moins nourris aux références politiques que gonflés d’amour pour le cinéma, n’avaient pourtant pas la réputation d’œuvres satiriques. Les rues sombres de Liberty City dans GTA III (2001) sont plus une ode aux films de gangsters qu’une critique du rêve américain. En témoigne le casting du jeu : plusieurs personnages sont interprétés par des acteurs vus dans Les Sopranos ou encore dans Les Affranchis. Un an plus tard, GTA Vice City s’en cache moins encore, son héros étant un calque direct du Tony Montana de Scarface. Mais on tombe déjà, sur les radios fictives de Liberty City et de Vice City, sur des publicités parodiques dignes du très grinçant dessin animé South Park, vantant des produits plus américains que nature : un SUV à la taille monstrueuse, un guide pour savoir si son enfant est communiste, ou encore un cabinet d’avocat proposant de faire fortune en intentant des procès.

    Il faut attendre l’épisode San Andreas (2004) pour que GTA esquisse un début de discours politique : l’antagoniste, Frank Tenpenny, policier au sein de l’unité spéciale Crash, y tente de s’enrichir en tirant profit des guerres de gang qui sévissent à Los Santos – double fictif de Los Angeles. La cellule Crash a réellement existé à Los Angeles : elle a été, dans les années 1990, au cœur d’un scandale de corruption. Dans une séquence du jeu, des émeutes éclatent à Los Santos après l’acquittement de l’officier Tenpenny – référence aux émeutes de Los Angeles en 1992 après l’acquittement des policiers blancs qui avaient passé à tabac Rodney King.

    Mais c’est véritablement GTA IV, plus dense et plus sombre, qui, en 2008, marque un tournant pour la saga. Un basculement qui s’explique peut-être par l’évolution de la façon de travailler de ses développeurs. « Dans GTA III, l’histoire n’est pas très importante : on concevait d’abord les missions, puis on cherchait un moyen de les connecter ensemble », explique Obbe Vermeij, ancien directeur technique de Rockstar North. GTA IV, en revanche, était « porté par son histoire » : « Il revenait aux designers de trouver des missions qui collaient avec le scénario. »

  2. Une chose que j’avais “apprécié” dans le V, c’est la présence de zones où les clodos vivent, des tentes, cachées sour les échangeurs d’autoroute au cœur même du luxe.

    Le coté redneck du nord (Blaine county) où ils sont tous armés et te tirent dessus au moindre accroc, à l’inverse de la ville quand ils courent comme des trouillards au moindre souffle de vent (mais te mettent une prime sur la tête en cas de vol)
    Gros 4*4 côtoient les voiturettes de golf.

  3. Je laisse les grincheux continuer à débattre pour savoir si ces posts avaient leur place sur r/france. Moi, je te remercie de les avoir partagés. J’ai eu l’occasion de le dire précédemment, mais c’est une série que j’apprécie beaucoup, j’ai aimé lire des trucs à son sujet (même si j’en savais finalement déjà pas mal) et surtout, partager un peu nos expériences et nos souvenirs dessus. Indispensable, sans doute pas, mals agréable, entre deux prises de tête sur la politique, assurément.

    J’ai toujours regretté que les radios ne soient pas sous-titrées dans GTA. Quand j’étais gosse, je zappais toujours les stations de talk-shows et je n’avais aucune chance de comprendre ce qui se disait dans les pubs. Un de mes plaisirs en rejouant récemment aux vieux épisodes, ça a justement été de redécouvrir toutes ces perles d’humour qui m’avaient échappé : la réclame pour le service d’envoi d’animaux domestiques par colis postal, les jeux vidéo qui rendent volontairement vos enfants abrutis et violents, Ammunation sur qui on peut toujours compter pour mettre dans les mains des gosses le fusil automatique dont ils ont besoin… C’est souvent absurde, parfois acide et quelques fois pas très éloigné de la réalité, serait-on tenté de remarquer. Bref, quelques vrais moments de satire américaine en roue libre là-dedans, qui sont sans doute passés sous le radar de pas mal de joueurs chez nous.

Leave a Reply