La détresse d’Elena Congost, marathonienne malvoyante espagnole : « Ils m’ont disqualifiée pour avoir été humaine et avoir aidé mon guide »



La détresse d’Elena Congost, marathonienne malvoyante espagnole : « Ils m’ont disqualifiée pour avoir été humaine et avoir aidé mon guide »

by snipizgood

4 comments
  1. La séquence a marqué les spectateurs du pont Alexandre-III. Dimanche 8 septembre, dans l’une des dernières épreuves des Jeux paralympiques de Paris 2024, la marathonienne non voyante Elena Congost a été forcée de ralentir, à quelques mètres de la ligne d’arrivée, pour venir en aide à son guide. A la peine, perclus de crampes, ce dernier – Mia Carol Bruguera – a eu du mal à terminer la course, et a manqué de s’écrouler, alors que son athlète allait franchir la ligne en troisième position, décrochant la médaille de bronze. Soutenu par la marathonienne, les deux ont terminé l’épreuve, 12 minutes 12 secondes après la vainqueure, acclamés par la foule.

    Cette fin de course aurait pu rester comme l’une des ultimes belles images des Jeux de Paris 2024. Mais Elena Congost a été disqualifiée par les organisateurs, pour avoir brièvement lâché la corde qui la reliait à son guide au cours de ce rattrapage à deux mètres de la ligne d’arrivée. Dans cette catégorie T12 (avec une déficience visuelle), les athlètes sont attachés à leur guide par une cordelette au poignet, et n’ont ni le droit d’être tracté, ni de « couper » ce lien. Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Du chaos à la « parenthèse enchantée » : le 26 juillet, la journée qui a tout changé aux Jeux de Paris 2024

    « Dévastée », l’athlète catalane, a annoncé faire une réclamation, avec le soutien du Comité paralympique espagnol, estimant la décision cruelle. Si elle a reconnu avoir enfreint brièvement le règlement, qui stipule que le guide et l’athlète ne peuvent lâcher la corde qui les relie tout au long des 42,195 kilomètres de la course, Elena Congost a insisté n’avoir agi « que par réflexe », sans la moindre intention de tricher.

    « On ne m’a pas disqualifiée pour tricherie, mais pour avoir été humaine et pour un réflexe qui se manifeste lorsque quelqu’un tombe, qui consiste à l’aider ou à le soutenir, a déclaré l’athlète, en larmes auprès des médias espagnols, après l’annonce de sa disqualification. J’ai lâché la corde pendant une seconde parce que la personne à côté de moi était en train de tomber et allait heurter le sol, tête la première. J’ai repris la corde et on a franchi la ligne d’arrivée. » La concurrente suivante, la Japonaise Misato Michishita – qui récupère le bronze –, n’est arrivée que trois minutes après l’Espagnole, qui se défend donc d’avoir acquis un quelconque gain dans l’opération. « Quand il n’y a aucune aide, aucun avantage, que vous pouvez clairement voir que je me suis arrêtée net à cause de cette situation, argumente-t-elle. Mais tout ce que [les organisateurs] disent, c’est que j’ai lâché la corde pendant une seconde et qu’à partir du moment où j’ai lâché, c’est fini, il n’y a plus de retour possible. » Insistant ne pas « comprendre que personne ne puisse raisonner ou comprendre la situation, qu’il ne s’agit pas de tricherie, ou de traîner un athlète », Elena Congost a fait appel au bon sens pour retrouver sa médaille de bronze. Car la marathonienne catalane, sacrée à Rio, en 2016, a peut-être perdu davantage qu’une médaille paralympique dimanche. De retour sur le podium après huit ans d’arrêt en raison de sa maternité (elle a eu quatre enfants), l’athlète de 36 ans née avec une déficience visuelle dégénérative a rappelé que cette disqualification risquait de lui coûter la bourse qu’une médaille lui aurait value. « Je me retrouve sans rien, et cela me semble tellement injuste et surréaliste (…) alors que je pense avoir montré ce que je pouvais faire », a-t-elle déploré. Lire aussi | En direct, cérémonie de clôture des Jeux paralympiques 2024 : les Jeux de Paris 2024 vont prendre fin

    Clément Martel

  2. Il y a la loi et il y a l’esprit de la loi.

    Cette athlète n’a manifestement pas bénéficié d’un avantage compétitif en aidant son guide, la suivante était à 3 minutes.

    Pendant ce temps Sinner gagne l’US Open alors qu’après 2 tests positifs au dopage gardés sous silence auraient du le voir suspendu pendant de longs mois.

  3. C’est vraiment pas la première fois qu’on voit ce genre de comportement venant de certains juges, et au bout d’un moment l’application des règles devient moins une tentative d’encadrer la pratique d’un sport et d’éviter des injustices comme de la triche, qu’une forme de psychorigidité complètement stupide qui n’apporte rien, voire qui est complètement déconnecté de la beauté du geste et de l’humanité du sport, ce qui évidemment n’a que pour effet de frustrer tout le monde, y compris le public.

    Et c’est d’autant plus indigne dans une compétition paralympiques, qui devrait justement être le symbole d’une certaine souplesse par rapport aux règles et d’une tolérance des parcours atypiques, le handicap étant une de ces situations particulières où on se doit se rappeler de l’humanité de l’autre quand on doit appliquer des règles, et que dans la pratique le contexte d’un événement dans son individualité importe davantage que ce qui est écrit sur le papier et doit en théorie s’appliquer pour tout le monde.

    Bref, c’est assez pathétique comme comportement venant des juges, on dirait ces profs casse-couilles au collège qui refusaient un élève en cours parce qu’il était arrivé à 10h02 au lieu de 10h00, juste pour l’égotrip de dire “le règlement c’est le règlement ☝️🤓” alors qu’en vrai tout le monde s’en fout et ça ne changeait rien.

  4. Je me fourvoie peut-être mais est-ce que l’idée ce n’est pas de la sanctionner sur l’instant pour dire “voyez on respecte la règle” tout en sachant qu’elle sera dédouanée par une décision collégiale juste après pour cas de force majeure ?

    Bon même si c’est ça c’est nul d’en passer par là et de lui gâcher sa course.

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