Pour éviter l’extrême droite, ne gouvernez pas comme les Français !
September 15, 2024
Pour éviter l’extrême droite, ne gouvernez pas comme les Français !
by ManuMacs
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**Des victoires électorales de l’extrême droite ? Ce qui vient de créer le choc en Allemagne est déjà un fait politique bien connu des Français. L’Hexagone a essayé différentes voies pour contrer la montée du Rassemblement national et peut servir d’exemple à ne pas suivre concernant l’adoption de certaines stratégies, estime cette journaliste allemande.**
Dimanche [1er septembre], quand les Français ont appris à la télévision la victoire de l’AfD aux élections régionales en Thuringe et en Saxe, le choc n’a pas été si rude. Ici, cela fait longtemps que le parti d’extrême droite de Marine Le Pen passe la barre des 30 %, comme l’ont récemment montré les élections européennes et législatives.
Lors de son arrivée à l’Élysée, en 2017, le président Macron avait pourtant juré de ne plus donner la moindre raison aux Français de voter pour l’extrême droite. Il n’a manifestement pas tenu sa promesse, et ni la société ni les partis n’ont trouvé comment détourner les électeurs des idées de Le Pen. Au contraire, l’extrême droite ne cesse de gagner du terrain. Et si elle n’est pas arrivée au pouvoir cet été, c’est parce que tous les autres partis se sont alliés contre elle.
Après les élections en Thuringe et en Saxe, l’Allemagne pourrait peut-être regarder du côté de la France pour voir ce qui fonctionne ou pas dans la lutte contre l’extrême droite.
Pour Jacob Ross, spécialiste des relations franco-allemandes à la Deutsche Gesellschaft für Auswärtige Politik [un institut de recherche], si les partis français et allemands sont fondamentalement différents, il est toutefois instructif de dresser quelques comparaisons. Notamment de les situer sur le spectre de la droite.
###Net virage à droite
*“Macron, qui a commencé au centre, défend aujourd’hui des idées en matière de police et d’immigration qu’on ne retrouve que dans les programmes des partis d’extrême droite en Allemagne”,* explique Ross. On l’a vu par exemple avec le vote de la loi sur l’immigration, qui permet de moins bien traiter les étrangers à l’hôpital. Ou dans le débat sur le port d’armes des policiers lors de contrôles routiers.
>***“La droite dure en France, que ce soit chez les macronistes ou les Républicains, se situe bien plus à droite que chez les conservateurs allemands de la CDU.”***
Emmanuel Macron et son [ancien] Premier ministre Gabriel Attal ont tous les deux entamé un net virage à droite au cours de leur mandat. Sauf que *“cela n’a servi à rien. Au contraire, cette stratégie a permis à Marine Le Pen d’engranger les victoires et de normaliser son parti.”* Elle a d’ailleurs soutenu la loi du gouvernement sur l’immigration, parfaitement en phase avec son propre programme.
###Sentiment d’abandon
Selon Jacob Ross, il existe bien un moyen de réduire l’attrait des partis d’extrême droite : il faut combattre le sentiment d’abandon que ressentent certaines catégories de population. Ce sentiment chez les électeurs d’extrême droite est abondamment documenté et domine surtout dans les campagnes, aussi bien en France qu’en Allemagne.
>***“Il existe un lien de corrélation démontré entre la déshérence des services publics et la popularité de l’extrême droite.”***
Il est encore plus fort en France qu’en Allemagne dans les régions frappées de désertification. Dans les deux pays, on retrouve ce sentiment d’avoir été abandonné par les élites et le pouvoir central.
De nombreux études et essais montrent combien, en France, la participation aux décisions collectives et l’offre de services publics – tels que piscines, bureaux de poste ou lignes de bus régulières – influencent le vote en faveur de l’extrême droite.
Le Rassemblement national (RN) est particulièrement fort dans les régions où les gens ne retirent aucun bénéfice du gouvernement au quotidien : ils vivent dans des villages dépeuplés comptant quelques centaines d’habitants et doivent régulièrement faire des dizaines de kilomètres en voiture. Raison pour laquelle les thèmes comme la voiture à moteur thermique ou l’essence bon marché séduisent autant.
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**Des victoires électorales de l’extrême droite ? Ce qui vient de créer le choc en Allemagne est déjà un fait politique bien connu des Français. L’Hexagone a essayé différentes voies pour contrer la montée du Rassemblement national et peut servir d’exemple à ne pas suivre concernant l’adoption de certaines stratégies, estime cette journaliste allemande.**
Dimanche [1er septembre], quand les Français ont appris à la télévision la victoire de l’AfD aux élections régionales en Thuringe et en Saxe, le choc n’a pas été si rude. Ici, cela fait longtemps que le parti d’extrême droite de Marine Le Pen passe la barre des 30 %, comme l’ont récemment montré les élections européennes et législatives.
Lors de son arrivée à l’Élysée, en 2017, le président Macron avait pourtant juré de ne plus donner la moindre raison aux Français de voter pour l’extrême droite. Il n’a manifestement pas tenu sa promesse, et ni la société ni les partis n’ont trouvé comment détourner les électeurs des idées de Le Pen. Au contraire, l’extrême droite ne cesse de gagner du terrain. Et si elle n’est pas arrivée au pouvoir cet été, c’est parce que tous les autres partis se sont alliés contre elle.
Après les élections en Thuringe et en Saxe, l’Allemagne pourrait peut-être regarder du côté de la France pour voir ce qui fonctionne ou pas dans la lutte contre l’extrême droite.
Pour Jacob Ross, spécialiste des relations franco-allemandes à la Deutsche Gesellschaft für Auswärtige Politik [un institut de recherche], si les partis français et allemands sont fondamentalement différents, il est toutefois instructif de dresser quelques comparaisons. Notamment de les situer sur le spectre de la droite.
###Net virage à droite
*“Macron, qui a commencé au centre, défend aujourd’hui des idées en matière de police et d’immigration qu’on ne retrouve que dans les programmes des partis d’extrême droite en Allemagne”,* explique Ross. On l’a vu par exemple avec le vote de la loi sur l’immigration, qui permet de moins bien traiter les étrangers à l’hôpital. Ou dans le débat sur le port d’armes des policiers lors de contrôles routiers.
>***“La droite dure en France, que ce soit chez les macronistes ou les Républicains, se situe bien plus à droite que chez les conservateurs allemands de la CDU.”***
Emmanuel Macron et son [ancien] Premier ministre Gabriel Attal ont tous les deux entamé un net virage à droite au cours de leur mandat. Sauf que *“cela n’a servi à rien. Au contraire, cette stratégie a permis à Marine Le Pen d’engranger les victoires et de normaliser son parti.”* Elle a d’ailleurs soutenu la loi du gouvernement sur l’immigration, parfaitement en phase avec son propre programme.
###Sentiment d’abandon
Selon Jacob Ross, il existe bien un moyen de réduire l’attrait des partis d’extrême droite : il faut combattre le sentiment d’abandon que ressentent certaines catégories de population. Ce sentiment chez les électeurs d’extrême droite est abondamment documenté et domine surtout dans les campagnes, aussi bien en France qu’en Allemagne.
>***“Il existe un lien de corrélation démontré entre la déshérence des services publics et la popularité de l’extrême droite.”***
Il est encore plus fort en France qu’en Allemagne dans les régions frappées de désertification. Dans les deux pays, on retrouve ce sentiment d’avoir été abandonné par les élites et le pouvoir central.
De nombreux études et essais montrent combien, en France, la participation aux décisions collectives et l’offre de services publics – tels que piscines, bureaux de poste ou lignes de bus régulières – influencent le vote en faveur de l’extrême droite.
Le Rassemblement national (RN) est particulièrement fort dans les régions où les gens ne retirent aucun bénéfice du gouvernement au quotidien : ils vivent dans des villages dépeuplés comptant quelques centaines d’habitants et doivent régulièrement faire des dizaines de kilomètres en voiture. Raison pour laquelle les thèmes comme la voiture à moteur thermique ou l’essence bon marché séduisent autant.