Le leader mondial du conseil Accenture a voulu piéger l’émission « Cash Investigation »



Le leader mondial du conseil Accenture a voulu piéger l’émission « Cash Investigation »

by -Captp-

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  1. Pour tenter de piéger les équipes d’Élise Lucet, le cabinet de conseil Accenture a mis sur pied une opération digne du « Bureau des légendes », d’après les aveux de son initiateur. Mediapart en révèle tous les détails.

    Le courrier anonyme a attiré toute l’attention de la rédaction de « Cash Investigation ». Émanant d’un « agent du ministère des armées », la missive, qui a été envoyée en janvier 2024, révèle comment un important cabinet de conseil de la Place de Paris, la société Onepoint de David Layani, bénéficierait d’un accès privilégié au marché de la défense grâce à ses relations.

    Il ne s’agit pas moins d’une « affaire d’État où politique et monde des affaires semblent s’arranger entre amis, loin des enjeux d’intérêt général qui nous animent en tant que fonctionnaires d’État », résume son auteur, qui précise avoir déjà, avec « plusieurs de [s]es collègues », « dénoncé ces agissements auprès de [leur] hiérarchie » avant d’être « réduits au silence ».

    « Cash Investigation », la célèbre émission incarnée par Élise Lucet sur France 2, qui vient justement de lancer une enquête sur les cabinets de conseil, représente ainsi un « dernier espoir » pour ce lanceur d’alerte anonyme, qui ne peut pas en dire plus sur son identité « par mesure de précaution ».

    La journaliste Élise Lucet et le responsable du lobbying d’Accenture France, Samuel Tamba. © Photomontage Armel Baudet / Mediapart via Rea et documents
    Le sujet paraît au premier abord explosif, à un détail près, que la rédaction de « Cash Investigation » ne peut qu’ignorer. La lettre n’a pas du tout été rédigée par un « agent du ministère », comme le prétend son auteur. Elle émane en réalité d’un concurrent de la société Onepoint, le puissant cabinet de conseil Accenture, un des leaders mondiaux du secteur, d’après une enquête de Mediapart.

    Craignant que le géant du conseil, qui a notamment accompagné l’État dans sa gestion chaotique de la crise du Covid-19, soit ciblé par les équipes de « Cash Investigation », le responsable du lobbying d’Accenture en France, Samuel Tamba, a en effet organisé ce contre-feu ayant pour objectif de braquer les projecteurs, en sous-main, sur une entreprise rivale.

    Pour conduire cette opération de manipulation, le représentant d’Accenture s’est montré des plus précautionneux : il n’a laissé aucune trace du courrier sur son ordinateur, a mis des gants pour le glisser dans une enveloppe, puis a traversé Paris pour le poster depuis une boîte aux lettres éloignée des locaux d’Accenture. Avant de commettre un impair : Samuel Tamba s’est épanché sur ses exploits, avec force détails, à une personne au moins. Une personne de trop, qui a enregistré la conversation.

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