l’essentiel
Ce mardi 22 octobre se déroulait une rencontre au goût particulier entre la France et l’Ukraine, au stade Albert-Domec à Carcassonne, dans le cadre du trophée Européen. Plusieurs rugbymen ukrainiens regagneront leur terre natale et la défendre face à l’invasion russe.

Sur le parvis du stade Albert-Domec à Carcassonne, un bouquet de drapeaux ukrainiens s’agite ce mardi 22 octobre. Une soixantaine de réfugiés, qui vit dans l’Aude, s’est passé le mot pour encourager son équipe nationale de rugby à XIII – L’Ukraine Federation Rugby League- face à la France, dans le cadre du trophée Européen. Il faut dire que chaque événement sportif à une saveur particulière depuis que la guerre a éclaté, il y a deux ans et demi, le 24 février 2022 face à la Russie. “Ukraine ! Ukraine ! Ukraine”, scandent-ils à l’unisson en voyant les joueurs arriver. Une communion pas tout à fait comme les autres, à une heure du coup d’envoi prévu à 19 h 30, entre supporters et la trentaine de rugbymen venus échanger quelques minutes avec ceux qui ont fui le conflit en mars 2022. Ils donnent de la voix, prêts à en découdre, sortent les téléphones et immortalisent l’instant présent.

Avant de se préparer au match, les treizistes prennent également le pouls au bord de la pelouse du stade. Pieds nus, casquette vissée sur la tête laissant dépasser ses cheveux bouclés, Viktor, 23 ans, raconte le long périple avant de venir fouler la pelouse de Domec. “Je suis Ukrainien mais je joue en Australie. Avec l’équipe on s’est retrouvé en République tchèque avant d’arriver en France. Certains s’entraînent en France, d’autres en Australie ou en Ukraine. L’ambiance est pesante depuis le début du conflit”, déplore-t-il, ému, en pensant à celles et ceux restés dans le pays.

Vivre entre le champ de bataille et les terrains de rugby

À côté de lui, il y a Alex, 37 ans. Il ne parle pas un mot de français ni d’anglais, la chargée de communication de l’équipe s’occupe de la traduction. Quand il vous serre la main, vous vous en rappelez. Les yeux clairs et les cheveux roux, il mène une double vie entre le rugby et la guerre. Ces quelques jours en France ne sont qu’une parenthèse avant de retourner sur le champ de bataille. “Je viens faire les matchs et je repars en Ukraine pour combattre”. Ils sont six joueurs dans cette situation, à vivre au cœur du conflit et essayer de poursuivre une carrière rugbystique. Alex, ce qui l’inquiète, c’est d’être en France alors que ses proches sont toujours là-bas, dans la région de Kharkiv. Il espère ne pas recevoir un appel synonyme de mauvaise nouvelle.

Dans l’Aude, il veut vivre cette expérience à fond, garder un maximum de souvenirs, sans oublier les dangers du quotidien sur le territoire ukrainien. Pour leur réchauffer le cœur, à ses coéquipiers et lui, il y a ces réfugiés et ces couleurs jaunes et bleu ciel qui s’agitent à Carcassonne. Alex, lui, a aussi une pensée pour ceux qui lui permettent de jouer au rugby : “Je remercie surtout l’armée de mon pays qui m’a permis de venir en France pour faire cette compétition”, précise-t-il avant de retourner aux vestiaires, enfiler son maillot pour la rencontre. Un autre match l’attend.