Grâce au nucléaire, la production française reste peu émettrice de gaz à effet de serre…contrairement à nos importations.

Qui a dit que réindustrialisation était synonyme de pollution ? Ce serait d’ailleurs même le contraire, selon une note publiée ce mardi par l’institut économique privé Rexecode. En effet, produire en France est bien souvent plus vertueux pour le climat que d’importer. Et à l’heure où le mixe énergétique français permet d’émettre moins de CO2 que de nombreux pays, relancer l’industrie nationale pourrait donc être un véritable atout écologique.

Les émissions de gaz à effet de serre françaises sont en baisse continue depuis 1990. Elles ont diminué de 31 %, alors que la population a crû de 17 % et que le volume du PIB a progressé de 64 % sur la même période. L’industrie serait responsable à elle seule de 71 % de ces baisses d’émissions, dont 52 % pour la seule industrie manufacturière et 20 % pour la production d’énergie. Un progrès notamment permis par l’amélioration du mix énergétique français et le développement des réglementations encadrant les pratiques de production. Plus étonnant : les fermetures d’usines n’ont joué qu’un rôle mineur dans le processus. Ainsi, selon l’étude publiée par Rexecode, seuls 9 % du recul des émissions depuis 1973 est imputable à la désindustrialisation. 

Le lourd bilan carbone des importations

Un chiffre obtenu par Raphaël Trotignon, l’économiste auteur de l’étude, grâce à une méthode bien précise. Il commence par estimer les émissions de gaz à effet de serre de la France dans le cas où il n’y aurait pas eu de désindustrialisation, puis calcule la différence avec les émissions effectivement observées. Résultat : à peu près 9 % d’émissions de gaz à effet de serre sont imputables à l’industrialisation. «Cela signifie donc que 91 % des baisses d’émission de gaz à effet de serre du territoire ont été obtenues par des évolutions vertueuses de l’efficacité énergétique et de décarbonation de l’énergie», souligne l’étude.

Sauf que derrière cette apparente bonne nouvelle se cache un constat amer : en délocalisant son industrie, la France n’a presque pas diminué ses émissions de CO2…et elle les a même augmentées de manière indirecte. En effet, les importations sont souvent plus polluantes que la production nationale. Les émissions associées à la consommation française (biens importés compris), sont supérieures de 35 % à celles associées aux exportations. En clair : les émissions incluses dans les produits importés et consommés en France sont supérieures aux émissions des produits exportés. Une différence notamment imputable au mix énergétique de la France, où la part du nucléaire reste élevée tandis que les énergies renouvelables progressent. Et la tendance ne s’est pas améliorée avec les délocalisations : entre 1995 et 2022, les émissions importées chaque année ont augmenté de 32 %.

Ainsi, le bilan carbone favorable présenté chaque année par le gouvernement peut être trompeur : les émissions diminuent en France, mais elles augmentent dans les pays dont nous importons. À titre d’exemple, un véhicule électrique fabriqué en France génère 6 tonnes de CO2, contre 23 tonnes pour le même véhicule fabriqué en Chine – soit quatre fois moins. Un énième argument en faveur d’une réindustrialisation de la France….