Ce code couleur – rouge pour les républicains, bleu pour les démocrates – est plus récent que ce que son implantation dans les esprits ne pourrait le laisser penser. Comme le raconte le Smithsonian Magazine, cette coloration des deux partis s’est imposée lors de l’élection de 2000, quand George W. Bush s’est imposé face à Al Gore.
Avant cette date, si les chaînes utilisaient souvent déjà le bleu et le rouge, leur attribution à un parti variait en fonction de l’élection, voire des chaînes d’infos. A l’international, comme vous le soulignez, le bleu, une couleur historiquement plus chère à produire, était communément associé aux conservateurs et à la richesse, tandis que le rouge était lié aux mouvements radicaux, puis, dans la deuxième moitié du 20e siècle, au communisme.
Comme le soulignait Chuck Todd, alors correspondant à la Maison Blanche pour NBC News, au Smithsonian en 2012, « pendant des années, chacun des partis faisait des cartes en rouge et bleu, où leur rival était toujours en rouge. Pendant la Guerre froide, qui aurait voulu être rouge ? ».
Ce n’est qu’en 2000 que NBC a commencé à standardiser le code couleur, et à utiliser le même qu’ABC et CBS pour éviter d’embrouiller les téléspectateurs qui zappaient entre les chaînes. Les raisons pour lesquelles le rouge s’est imposé pour désigner les républicains varient.
Archie Tse, chargé des graphiques pour le New York Times lors de l’élection de 2000, fait valoir un argument pratique : « J’ai simplement décidé que “rouge” commençait par “r” et que “républicain” commençait par “r”, donc c’était plus naturel. » D’autres racontent que, quand ces couleurs se sont imposées, les chaînes ont décidé de suivre la tendance générale.
En 2000, la présidentielle a par ailleurs donné lieu à un feuilleton politico-judiciaire, dont il fallut attendre cinq semaines pour connaître l’épilogue. Autant de semaines pendant lesquelles les couleurs sur les cartes ont été scrutées de près, et se sont imposées petit à petit dans l’imaginaire collectif américain.
Les résultats sur CNN en 2020 | Pierre Bouvier pour « Le Monde »