Les conflits de demain ne pourront se gagner avec les compétences, les processus et les technologies d’aujourd’hui ou d’hier. Le Commandement allié Transformation (ACT) définit le contexte militaire futur, en identifiant les défis et les opportunités afin d’innover et de conserver l’avantage en matière de combat. Il garantit une interopérabilité maximale, permet de structurer les forces de l’OTAN et de leur donner la priorité au travers de la planification de défense et du développement capacitaire, et s’appuie sur l’innovation pour exploiter les idées, les procédures et les technologies à l’appui de la préparation au combat de l’OTAN. Ce faisant, il tire parti de la puissance intellectuelle d’un vaste réseau d’experts de l’industrie, du monde universitaire, militaire et civil dans les pays, au sein des agences de l’OTAN et des centres d’excellence de l’OTAN.

 

L’ACT est l’un des deux commandements stratégiques qui se trouvent au sommet de la structure de commandement militaire de l’OTAN, l’autre étant le Commandement allié Opérations (ACO), responsable de la planification et de l’exécution de toutes les opérations militaires de l’OTAN.
L’ACT conduit l’adaptation militaire de l’Alliance, en coordonnant les initiatives nationales, afin d’assurer la cohérence et de garantir l’interopérabilité, et en veillant à ce que l’OTAN dispose de l’instrument de puissance militaire adéquat pour lui permettre de garantir la liberté et la sécurité de ses pays membres.
Il améliore la crédibilité de la posture de l’OTAN ainsi que l’état de préparation de l’Alliance et permet à la structure de commandement de l’OTAN (NCS) d’assurer de manière efficace le commandement, le contrôle et le soutien des opérations militaires en cours et à venir, et il assure une transition sûre et stable vers une situation de crise ou de conflit, le cas échéant.
L’ACT est dirigé par le commandant suprême allié Transformation (SACT), qui exerce ses fonctions depuis le quartier général de Norfolk (Virginie, États-Unis).
Le SACT est responsable, devant le Comité militaire, de la transformation et du développement de l’Alliance et il veille à ce que celle-ci soit capable de faire face aux défis d’aujourd’hui et de demain. Le Comité militaire, la plus haute instance militaire de l’OTAN, est placé sous l’autorité politique générale du Conseil de l’Atlantique Nord.
Divers commandements interarmées sont subordonnés à l’ACT, qui entretient des liens forts avec les installations de formation et d’entraînement ainsi qu’avec les ministères de la Défense.
L’ACT cultive aussi des liens étroits avec la structure de forces de l’OTAN (NFS) en général, qui se compose des forces mises à la disposition de l’Alliance par les pays membres et de leurs structures de commandement et de contrôle.1

 

Rôle de l’ACT

L’ACT et l’ACO forment la structure de commandement de l’OTAN (NCS), dont la fonction première est d’assurer le commandement et le contrôle nécessaires pour pouvoir anticiper les menaces et y faire face et, en cas d’échec de la dissuasion, de faciliter la mise en place de mesures défensives. Avant tout, la NCS joue un rôle essentiel s’agissant de préserver la cohésion et la solidarité au sein de l’Alliance, de maintenir et de renforcer le lien entre l’Europe et l’Amérique du Nord – d’une importance vitale – et de promouvoir le principe d’un partage équitable, entre Alliés, des rôles, des risques et des responsabilités, ainsi que des avantages de la défense collective.

La cyberguerre et la guerre hybride, la militarisation de l’espace et l’utilisation de l’intelligence artificielle ainsi que d’autres défis de sécurité émergents font que la transformation des politiques, des stratégies, des concepts, de la doctrine et des capacités est essentielle si l’on veut être prêt pour demain.  Cette transformation, qui concerne le personnel, les équipements, la doctrine, les procédures et les technologies, permet la préparation au combat. En tant que commandement chargé de la préparation de l’OTAN au combat, l’ACT conduit l’adaptation militaire de l’Alliance en assumant un double rôle : premièrement, il permet à l’ACO de mener les opérations actuelles de manière efficace, et deuxièmement, il prépare les futures opérations de l’OTAN. Dans ce contexte, il veille à ce que les capacités OTAN de préparation au combat demeurent pertinentes pour l’avenir, il apporte la compréhension indispensable de l’environnement de sécurité actuel et futur, et il contribue à l’élaboration de la doctrine et des concepts ainsi que des normes d’interopérabilité de l’OTAN. Au travers de son expertise militaire stratégique et des approches novatrices qu’il adopte pour répondre aux préoccupations actuelles et futures en matière de sécurité, l’ACT contribue à ce que la NCS soit adaptée aux besoins et en mesure d’accomplir les trois tâches fondamentales de l’OTAN, à savoir la défense collective, la gestion de crise et la sécurité coopérative.

En résumé, l’ACT identifie les défis et les opportunités afin de conserver l’avantage en matière de combat, il garantit une interopérabilité maximale, il permet de structurer les forces de l’OTAN et de leur donner la priorité au travers de la planification de défense et du développement capacitaire, et il intègre l’innovation dans toutes les activités. Pour remplir ces missions, l’ACT est chargé :

de développer des concepts décrivant de nouvelles façons de faire face aux défis émergents, de mettre à profit les enseignements tirés, d’utiliser la modélisation et la simulation pour permettre de visualiser les problèmes et identifier, au travers des expérimentations, des opportunités et des contraintes pour ce qui d’adopter de nouvelles technologies ;
d’analyser les tendances en matière de sécurité et d’évaluer les risques, menaces et opportunités intrinsèques, et de rechercher des alternatives ;
de mobiliser un vaste réseau d’experts civils et militaires de pays membres de l’OTAN ou de pays partenaires, du secteur  industriel, du milieu universitaire, des commandements interarmées, des agences de l’OTAN, des centres d’excellence accrédités par l’OTAN, des établissements d’entraînement et de formation, etc. pour favoriser au maximum l’échange d’idées ;
de mener, pour un large part, le processus OTAN de planification de défense et d’élaborer des plans à moyen et à long terme.  Il traduit les orientations politiques en engagements capacitaires à prendre par tous les pays membres de l’OTAN et trace la voie pour une préparation au combat cohérente de l’Alliance ;
de définir des normes d’entraînement individuel, d’échanger des informations et d’assurer la connectivité des équipements et de veiller au respect des protocoles de sécurité. Il pilote également des initiatives OTAN telles que le réseau de mission fédéré, qui définit les normes à adopter pour assurer l’interopérabilité des forces pour les futures opérations ;
de définir et de gérer de nouveaux programmes de modernisation des capacités OTAN et de fournir le lien qui permettra aux Alliés d’opérer comme une force unique. Il pilote la fonction « gestion capacitaire » à l’échelle de l’Alliance et est l’autorité qui définit les besoins capacitaires et qui veille à l’adéquation entre les capacités et les défis futurs ;
de former et d’entraîner des milliers de personnels de l’armée de terre, de la marine et de l’armée de l’air chaque année et d’organiser des exercices de petite et de grande envergure ainsi que des formations prédéploiement ;
d’apporter un soutien à l’ACO pour tirer le meilleur parti de la NCS à tous les niveaux d’une crise.

Plus précisément, l’ACT vise à répondre aux besoins capacitaires d’aujourd’hui et de demain, à développer la réflexion opérationnelle, à dégager des enseignements à tirer tout au long du cycle d’une opération, à faciliter l’expérimentation, à dispenser des formations prédéploiement, à fournir des renforts et à améliorer le développement capacitaire au cours des crises, et à analyser et à exploiter les tendances et les technologies émergentes dans le domaine de la sécurité.

 

Structure de l’ACT

L’ACT comprend le quartier général de Norfolk et trois entités subordonnées : le Centre de guerre interarmées en Norvège, le Centre d’entraînement de forces interarmées en Pologne et le Centre interarmées d’analyse et de retour d’expérience au Portugal.

 Le quartier général du Commandement allié Transformation

Le quartier général du Commandement allié Transformation se situe à Norfolk (Virginie, États-Unis). Dirigée par l’amiral Pierre Vandier, officier de la Marine nationale française, il est l’incarnation du  lien de sécurité transatlantique.  Le quartier général compte environ 750 personnels d’horizons divers – secteur civil, forces armées (marine, armée de l’air, armée de terre) ou police militaire. Il comporte quatre directions :

la Direction Plans et orientations stratégiques, qui définit le contexte futur, décrit ses incidences pour les militaires de l’Alliance et est responsable de la planification de défense ;
la Direction Développement capacitaire, qui définit les besoins capacitaires de l’Alliance, gère la mise en place de capacités modernes financées en commun (depuis l’identification d’un besoin jusqu’à la production complète d’une nouvelle capacité) et conduit l’innovation au sein de l’Alliance ;
la Direction Développement des forces interarmées, épicentre de la préparation au combat, qui s’appuie sur les concepts, les enseignements, la modélisation et la simulation, ainsi que sur l’expérimentation opérationnelle et le capital humain pour améliorer l’interopérabilité et renforcer les capacités, ;
la Direction Ressources et gestion, qui assure la gestion des ressources humaines et fournit à l’ACT un soutien financier et métier.

Centre de guerre interarmées (Stavenger, Norvège)

Le Centre de guerre interarmées (JWC) est pour l’essentiel chargé d’entraîner les forces des Alliés au niveau opératif afin qu’elles restent interopérables et pleinement intégrées. Sa mission première est l’entraînement des éléments du quartier général de la Force de réaction de l’OTAN (NRF) et des éléments des quartiers généraux des commandements de composante de la NRF. En outre, le JWC organise une formation d’état-major collective pour les pays partenaires et les nouveaux membres de l’OTAN.

Le JWC cherche par ailleurs à améliorer les capacités et l’interopérabilité de l’OTAN au travers de la promotion et de la conduite de processus d’expérimentation, d’analyse et d’élaboration de la doctrine2 pour les états-majors interarmées et multinationaux de l’OTAN.

Centre d’entraînement de forces interarmées (Bydgoszcz, Pologne)

Le Centre d’entraînement de forces interarmées (JFTC) est axé sur l’entraînement interarmées et multinational des forces des pays de l’OTAN et des pays partenaires au niveau tactique. Il se consacre en particulier à la conduite d’entraînements tactiques permettant de réaliser l’interopérabilité interarmées à des interfaces clés – un domaine d’une importance critique identifié durant les combats militaires en Afghanistan.

En priorité, le JFTC apporte une expertise pour aider les commandants de forces interarmées et de composantes de la NRF à faire en sorte que chaque rotation de la NRF atteigne un niveau élevé d’interopérabilité, de souplesse et d’entraînement intensif afin que la Force soit prête au combat au début d’un cycle d’activité.

Le JFTC coopère avec des centres nationaux d’entraînement, y compris les centres d’entraînement PPP (Partenariat pour la paix) et les centres d’excellence, pour veiller à l’application des normes et de la doctrine OTAN dans des contextes interarmées et multinationaux.

Centre interarmées d’analyse et de retour d’expérience (Monsanto, Portugal)

Le rôle principal du Centre interarmées d’analyse et de retour d’expérience (JALLC) est de renforcer le mécanisme d’amélioration continue des concepts, de la doctrine et des capacités au sein de l’OTAN en mettant à profit le processus de transformation et en s’appuyant sur les enseignements tirés des opérations, de l’entraînement, des exercices et des activités d’expérimentation. À ce titre, le JALLC procède à l’analyse des opérations militaires réelles, de l’entraînement, des exercices et des expériences collectives d’élaboration et d’expérimentation de concepts OTAN, et il est chargé de mettre en place et de tenir à jour une base de données des enseignements tirés.

Outre son état-major à Norfolk et ses trois entités subordonnées, l’ACT maintient également une présence au siège de l’OTAN à Bruxelles (Belgique) et au Pentagone près de Washington D.C., un Élément d’état-major de l’ACT au quartier général de l’ACO – le Grand quartier général des puissances alliées en Europe (SHAPE) à Mons (Belgique).

 

L’ACT et les autres entités

Il existe des liens directs entre l’ACT et des entités qui ne font pas partie de la NCS, comme les installations de formation et d’entraînement, les centres d’excellence ainsi que les centres de formation et d’entraînement des partenariats de l’OTAN. L’ACT assume la responsabilité générale de la mise en place et de la gestion des installations OTAN de formation et d’entraînement.

Installations OTAN de formation et d’entraînement

Le Collège de défense de l’OTAN

Au niveau politico-stratégique, le Collège de défense de l’OTAN, établi à Rome (Italie), est le principal établissement d’enseignement de l’OTAN. Sa mission consiste à contribuer à l’efficacité et à la cohésion de l’Alliance en remplissant son rôle de centre de formation, d’activités d’ouverture et de recherche de premier plan dans le domaine de la sécurité transatlantique. Plusieurs milliers d’officiers supérieurs, de diplomates et de responsables ont fréquenté le Collège de défense depuis sa fondation en 1951.

L’École de l’OTAN

L’École de l’OTAN à Oberammergau (Allemagne) est la principale installation d’entraînement individuel et de formation de l’OTAN au niveau opératif. Elle assure la formation et l’entraînement individuel à l’appui des opérations actuelles de l’OTAN, en cours ou en train de se mettre en place, de sa stratégie, de sa politique, de sa doctrine et de ses procédures. Elle travaille en étroite collaboration avec l’ACT afin d’offrir une large palette de cours devant permettre de relever les défis propres à un environnement de sécurité en constante évolution.

Le Centre OTAN d’entraînement aux opérations d’interdiction maritime

Le Centre OTAN d’entraînement aux opérations d’interdiction maritime (NMIOTC), situé dans la baie de La Sude (Grèce), est une installation dont le personnel est multinational. Il assure l’entraînement multinational nécessaire aux forces de I’OTAN afin qu’elles puissent mener des activités de surface, sous la surface et de surveillance aérienne ainsi que des opérations spéciales à l’appui des opérations d’interdiction maritime.

Centres d’excellence et centres de formation et d’entraînement des partenariats

L’ACT met en liaison les centres d’excellence accrédités par l’OTAN et les centres de formation et d’entraînement des partenariats (PTEC) pour mettre à profit leurs compétences afin d’accroître celles de l’Alliance.

Les centres d’excellence sont des établissements à financement national ou multinational qui forment des responsables et des spécialistes de pays membres de l’OTAN ou de pays partenaires, qui contribuent à l’élaboration des doctrines, qui recensent les enseignements tirés, qui améliorent l’interopérabilité et les capacités, et qui testent et valident les concepts par l’expérimentation. Les centres d’excellence, dont les activités sont coordonnées par l’ACT, sont considérés comme des organismes militaires internationaux. Bien qu’ils ne fassent pas partie de la NCS, ils s’intègrent dans un cadre plus large venant appuyer le dispositif de commandement de l’OTAN. Destinés à compléter les ressources dont dispose l’Alliance, les centres d’excellence couvrent une large gamme de domaines, chacun de ceux-ci étant axé sur un champ d’expertise spécifique visant à renforcer les capacités de l’OTAN.

Les PTEC sont des établissements de formation et d’entraînement à parrainage national ou multinational, qui sont tous unis dans le cadre d’un concept unique entériné par les Conseil de l’Atlantique Nord et reconnu par l’OTAN.

 

Évolution

Avant 2002, les deux commandements stratégiques étaient le Commandement allié en Europe (CAE), établi en 1951, et le Commandement allié de l’Atlantique (ACLANT), créé un an plus tard, en 1952.

À la fin de la Guerre froide, le CAE et l’ACLANT ont tous deux fait l’objet d’une restructuration, qui a fait chuter le nombre de quartiers généraux de la NCS de 78 à 20. Cependant, les deux commandants stratégiques ont été maintenus, l’un pour la région de l’Atlantique et l’autre pour l’Europe.

Au sommet de Prague en 2002, il a été décidé de réorganiser la NCS pour l’alléger et la rendre plus efficace. De plus, l’Alliance a été complètement repensée : désormais, la NCS allait reposer sur des critères fonctionnels, et non plus géographiques. Le CAE fut remplacé par l’ACO, responsable de toutes les opérations de l’Alliance, y compris des opérations maritimes qui relevaient jusqu’alors de l’ACLANT. Ainsi, un commandement stratégique – l’ACO ayant son quartier général au SHAPE – était chargé des opérations de l’Alliance, tandis que l’autre – l’ACT implanté au quartier général du SACT – s’occupait de la transformation.

La NCS a été revue une fois de plus en juin 2011 dans le cadre d’un vaste processus de réforme, qui visait non seulement à optimiser la structure, mais aussi à inclure de nouvelles tâches découlant du concept stratégique de 2010. Les deux commandements stratégiques ont été maintenus, de même que le niveau d’ambition de l’Alliance, à savoir sa capacité de mener deux opérations interarmées de grande envergure et six opérations interarmées de moindre envergure, si nécessaire.

En juin 2018, les ministres de la Défense des pays de l’OTAN ont donné leur feu vert à la mise en place d’une structure de commandement de l’OTAN adaptée (NCS-A) ainsi qu’à l’élaboration de plans de mise en œuvre détaillés. Les deux commandants stratégiques ont immédiatement lancé les travaux devant mener à la création de nouvelles entités et à la mise à disposition de nouvelles capacités, l’ACO prenant en charge les opérations, et l’ACT, la préparation au combat.