En 2022-2023, le handicap salarial approchait les 10%, dans la foulée des fortes indexations. On en est loin, désormais. “Dans 6 mois, confie l’une de nos sources, il est même plus que probable que le handicap salarial se transforme en avantage salarial, de l’ordre de 0,5%.”
Pourquoi le handicap salarial est-il désormais quasi inexistant ? D’abord, il y a eu, dans les pays voisins, en France et en Allemagne, des négociations serrées dans les secteurs qui ont amené de fortes revalorisations salariales. “Ensuite, en, Allemagne et aux Pays-Bas, où le problème de pénurie de talents est aigu, les salaires à l’embauche (au après débauchage) ont connu une croissance très forte”, nous explique l’une de nos sources.
Ce pré-rapport précède le rapport final sur la norme salariale, attendu en janvier-février 2025. La publication de ce dernier rapport donnera le coup d’envoi des discussions entre patronat et syndicat sur l’augmentation des salaires permise dans le secteur privé. Il fixera la norme salariale, c’est-dire le pourcentage maximal d’augmentation des salaires pour une période donnée, généralement tous les deux ans, qui sera autorisé pour préserver la compétitivité des entreprises.
Négociations fédérales : les salaires des fonctionnaires seront-ils indexés moins souvent ?
Le pré-rapport de 50 pages, qui n’a été envoyé que sous forme “papier” (!), va susciter pas mal de débats. Pour plusieurs raisons. D’abord, parce la fédération des entreprises de Belgique (FEB), pas plus tard que ce 25 octobre, dans un focus sur notre économie en Belgique, anticipe un handicap salarial absolu de 12 à 13% de 2024 à 2026. Tenant compte, donc, du handicap salarial historique, né avant que la loi de 1996 sur la préservation de la compétitivité ne cadenasse les salaires. Dans une carte blanche publiée cette semaine, Pieter Timmermans, CEO de la FEB, insistait aussi sur la nécessité de préserver notre compétitivité et des marges pour soutenir l’innovation et les investissements. Dans l’industrie en particulier.
Les plans de l’Arizona
Si les débats se corseront, c’est aussi parce que l’indexation des salaires figure au menu de l’Arizona. Dans la dernière “super note” de Bart De Wever de dimanche dernier, plusieurs mesures en gestation y figurent. D’abord, il sera demandé aux partenaires sociaux de préparer un avis d’ici le 31 décembre 2026 sur une réforme de la loi sur les salaires et du système d’indexation. En attendant, le futur gouvernement s’arroge le droit de toucher au mécanisme de calcul de l’inflation, d’aligner les indexations du secteur public sur celles du privé, et de rendre l’indexation progressive en cas de forte inflation (>4%).
Comment l’Arizona améliorerait la compétitivité des entreprises ?
Même si la prudence s’impose – “il y a encore des incertitudes sur les données des autres pays et des modifications dans la comptabilité nationale”, explique un contact au CCE -, cette nouvelle donne sur le front des salaires va relancer le débat sur l’indexation. “Il est certain que l’indexation préserve le pouvoir d’achat autant qu’elle pénalise dans un premier temps les entreprises, en cas de forte inflation, mais sur long terme, on voit que cet effet s’estompe, voire disparaît. C’est donc très malin de la part de l’Arizona de mettre sur la table une réforme de la loi au moment où elle ne sert plus la cause des entreprises”, ironise une source syndicale. Les entreprises, elles, depuis des mois, voire des années, mettent l’innovation et les investissements en haut de leurs priorités afin de préserver leur compétitivité dans un contexte économique compliqué en Europe. Tensions en vue.