Cette semaine, nous recevons Andrej Plenković, Premier ministre de la Croatie, pays des Balkans entré dans l’Union européenne en 2013. Membre du parti de droite HDZ qui siège au sein du Parti populaire européen en Europe, il revient sur un potentiel élargissement de l’UE à d’autres pays des Balkans occidentaux ainsi que sur le rôle des Vingt-Sept dans les conflits en Ukraine et au Proche-Orient.

En Moldavie, le «oui» l’a emporté de justesse lors du référendum sur l’inscription dans la constitution de l’objectif d’adhésion du pays à l’UE. La présidente sortante Maia Sandu devra affronter son opposant soutenu par les socialistes pro-russes à l’élection présidentielle du 3 novembre. «Il s’agit d’une nation divisée et polarisée où il y a sans doute eu beaucoup d’influences dans le débat», explique Andrej Plenković. Il apporte son soutien à Maia Sandu et dénonce «la guerre de la désinformation» venant de la Russie : «Elle est présente et il faut se battre pour la vérité et pour les faits», ajoute-t-il.

La Serbie est une candidate à l’adhésion à l’UE potentiellement problématique car elle n’a pas coupé ses liens avec la Russie : «Tous les pays de la région doivent remplir les critères» et s’«aligner» au mieux avec la politique de l’Union. «Si la Serbie est véritablement déterminée à rejoindre l’Union européenne, il faut qu’elle le montre dans tous les domaines, y compris la politique étrangère et en matière de sécurité», critique le Premier ministre croate.

L’UE veut durcir sa politique migratoire en envoyant des migrants dans des pays tiers « de retour ». Par exemple, l’Italie vient d’ouvrir deux centres de rétention en Albanie. «Nous sommes un peu réservés», explique-t-il au sujet de cette méthode de sous-traitance. «Pour le moment, nous voyons beaucoup de difficultés juridiques et opérationnelles. Nous attendons de voir quelles seront les vraies conséquences». Il dénonce par ailleurs « une politique de militarisation des migrants illégaux poussés vers la frontière orientale », envoyés par la Russie et la Biélorussie pour faire pression sur la Pologne de Donald Tusk. 

Le sujet de la migration sera au cœur du débat avec la mise en place d’un nouveau portefeuille de Commissaire à la Méditerranée, Dubravka Šuica, une Croate nommée par M. Plenkovic : «Je suis sûr qu’elle va mettre l’accent sur toutes les politiques de l’UE en lien avec les pays du nord de l’Afrique et de la Méditerranée y compris la politique migratoire, les crises humanitaires, les politiques de transport, de développement et les politiques de coopération économique». 

En ce qui concerne le rôle de l’Union dans la résolution du conflit au Proche-Orient, le Premier ministre affirme que le sujet est au centre des préoccupations : «C’est un des dossiers sur lequel nous débattons à presque chaque Conseil européen, à presque chaque réunion du ministère des Affaires étrangères», se défend-il. «Il faut que tous les pays de l’UE envoient de l’aide humanitaire lors de situations de crise où la population est en difficulté», assure Andrej Plenkovic. 

À quelques semaines du résultat de l’élection présidentielle américaine qui pourrait voir Donald Trump élu, Andrej Plenkovic reconnaît par le passé «une cohabitation difficile» sur certains sujets avec l’administration Trump. Il reste cependant mesuré et souhaite une continuité de relations bilatérales : «Il faut mettre au premier plan ce qui nous lie. C’est plus fort que les choses qui nous séparent», conclut-il.