Secteur du luxe à Genève –
Protestation devant la boutique Montblanc
Une manifestation a eu lieu, samedi, sur la place du Port, en soutien aux salariés des entreprises italiennes sous-traitantes du groupe Richemont.
Les manifestants présents samedi revendiquaient des journées de travail de huit heures, cinq fois par semaine, pour les employés des ateliers italiens.
MAGALI GIRARDIN
«Ce n’est pas du made in Italy mais du shame in Italy!» s’est insurgé, samedi après-midi, le président de la Communauté genevoise d’action syndicale (CGAS), Davide de Filippo. Une trentaine de personnes s’était réunie devant la boutique Montblanc, place du Port, à l’occasion de la Journée internationale de solidarité avec les travailleurs et travailleuses de Prato, en Italie. Ils dénonçaient les conditions de travail dans les entreprises italiennes sous-traitées par le groupe de luxe Richemont, auquel appartient la marque Montblanc.
Après avoir rejoint le syndicat italien Sudd Cobas, les salariés de ces ateliers, qui fabriquent des éléments de maroquinerie pour la marque Montblanc, avaient pourtant obtenu le respect de leurs droits en février 2023. Soit des journées de travail de huit heures, cinq jours par semaine. Mais, comme le rappellent les manifestants, le groupe Richemont a alors confié ce travail à une autre entreprise de la même région, où l’on travaille entre douze et quatorze heures par semaine, sept jours sur sept.
Violences antisyndicales
Payés 3 euros de l’heure pendant des années, les employés, majoritairement des migrants, ont donc été licenciés à la suite de cette délocalisation. Une délégation était déjà venue manifester devant la boutique Montblanc il y a un mois. Aujourd’hui, ces travailleurs se retrouvent sans ressources, l’indemnisation proposée par l’État ayant pris fin mi-septembre.
La boutique Montblanc était fermée durant la manifestation.
MAGALI GIRARDIN
«De plus, la répression syndicale est de plus en plus violente, souligne Frédéric Deshusses, membre de la Silure. Il y a une semaine, les grévistes ont été attaqués à coups de barre de fer.» Une violence qui rappelle «les pires heures de l’histoire de l’Italie», selon Davide de Filippo.
«L’industrie du textile est le deuxième secteur le plus important en Italie et il est implanté dans plusieurs régions, explique, au micro, Elisabeth Schenk, de l’association Public Eye. Mais en Toscane, une industrie parallèle s’est développée et les entreprises s’y distinguent par leurs coûts très bas et leur grande flexibilité. En 2014, déjà, l’une de nos enquêtes révélait que leurs employés étaient majoritairement des migrants, sans autorisations de séjour, rémunérés à moindre coût.»
La marque Montblanc appartient au groupe de luxe Richemont qui affichait un bénéfice net de 3,8 milliards en mai dernier.
MAGALI GIRARDIN
Les syndicats, partis politiques et associations présents samedi demandent au groupe Richemont la garantie immédiate de la continuité de l’emploi pour les travailleurs de la chaîne de production et ce, même en cas de changement de sous-traitance. Élu socialiste, Matthieu Jotterand a indiqué préparer une interpellation dans ce sens pour la prochaine session du Grand Conseil.
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