Le prévenu n’a que 19 ans et déjà quatre condamnations devant la justice des mineurs. Ce lundi 28 octobre, c’est celle des « grands » qu’il croise, à la barre du tribunal judiciaire de Bayonne. Une tentative de cambriolage aggravée de violences et en récidive va l’envoyer deux ans en prison.

Il a dans l’autre main une poche avec des liens et demande à monsieur d’attacher sa femme

Deux affaires pèsent sur Mohamed Bakayoko, au début de l’audience. Un premier cambriolage avorté, à Bidart, le 18 mars dernier, ne pourra lui être imputé. Les preuves manquent : relaxe. Mais celui du 6 août mène directement à lui. Ce jour-là, vers 8 h 30, un couple « de seniors » s’apprête à prendre son petit-déjeuner sur la terrasse de leurs hôtes angloys : des amis les ont invités quelques jours chez eux. « Ils ne sont pas près d’oublier leurs vacances au Pays basque », grince la vice-procureure Roseline Clérisse. Sûrement pas le moment où est apparu devant eux cet homme cagoulé, arme au poing.

En caleçon

Pour l’une des parties civiles, Me Julia Bodin décrit cet « individu » qui « se jette » sur l’époux du couple. « Il le menace avec son arme. Il a dans l’autre main une poche avec des liens et demande à monsieur d’attacher sa femme. Il refuse. C’est là qu’il l’agresse. » Dans l’altercation, le malfrat distribue des coups de crosse. Il cause un traumatisme crânien au mari qui sera suturé au niveau du cuir chevelu. Sa compagne subit une fracture au niveau du nez, une entaille au bras : dix jours d’incapacité totale de travail (ITT). « Ils ont eu peur d’y laisser leur vie », appuie Me Bodin.

Le cambrioleur prend la fuite mais laisse tomber une casquette noire, brodée d’un logo rouge. « Votre ADN est retrouvé dessus », déroule la présidente du tribunal, Florence Bouvier. « Il permet de vous identifier. » Et d’aller perquisitionner au domicile bidartar de son père. « Quand les enquêteurs se présentent, vous êtes en caleçon et ils notent une trace de morsure sur une cuisse. » Or le mari jeté au sol lors de la tentative de vol a mordu aux jambes son agresseur pour se défendre. « L’expertise du médecin légiste dit que la lésion sur la cuisse de M. Bakayoko n’est pas une morsure », proteste son avocate, Me Myriam Unal. « C’est une chute de trottinette », jure le prévenu.

Casquette

L’ADN ? « Je ne sais pas comment il est arrivé là, parfois on se prête des habits », tente le jeune Ivoirien. « Il n’y avait que votre ADN sur la casquette », martèle Roseline Clérisse. Me Unal s’inscrit en faux : « Le dossier fait état d’un ‘mélange d’ADN’. » Celui du prévenu apparaît de façon majoritaire, mais un autre est décelé de façon résiduelle. « Ce n’est pas probant », estime le conseil.

Florence Bouvier relève que le cambrioleur a perdu sa cagoule dans la confrontation avec ses victimes. « Les témoins vous ont reconnu sur photo. » Là aussi, Myriam Unal conteste cette description des faits : « Un des témoins dit clairement ’Je n’ai pas vu son visage’. C’est sur la base d’une coiffure ressemblant à celle de l’agresseur sur les planches photographiques que mon client a été désigné. Tout ça est très approximatif. »

« C’est une erreur. Ce n’est pas moi, je n’ai rien fait », soutient le prévenu. Le ministère public requiert quatre ans de prison ferme. Le tribunal prononce trois ans dont un avec sursis probatoire, incarcération à l’issue de l’audience et obligation d’indemniser les victimes.