Des soldats nord-coréens bientôt sur le front en Ukraine ? La Corée du Nord a nié lundi 21 octobre fournir des troupes à la Russie qui pourraient être mobilisées dans le conflit en Ukraine, un représentant de Pyongyang à l’ONU allant même jusqu’à qualifier cette affirmation de « rumeur sans fondement ».

Selon les services secrets sud-coréens, quelque 1 500 soldats des forces spéciales nord-coréennes se trouvent déjà en Russie pour s’acclimater et devraient bientôt se rendre sur le front. Séoul dit s’attendre à l’envoi d’environ 12 000 soldats au total, tandis que Kiev estime à 10 000 le nombre de Nord-Coréens qui pourraient rejoindre les forces russes.

Si les informations étaient avérées, il s’agirait du plus grand déploiement des soldats nord-coréens à l’étranger depuis l’établissement du régime totalitaire en Corée du Nord en 1948.

Depuis les années 1960, et notamment dans le contexte de la Guerre froide, Pyongyang aurait fourni à plusieurs reprises une assistance militaire aux groupes révolutionnaires, mouvements de décolonisation, régimes communistes et dictatures en Afrique, en Asie et au Moyen-Orient, par le biais de l’envoi des conseillers ou des troupes participant directement aux combats.

► La guerre du Vietnam

La Corée du Nord figure parmi les belligérants de la guerre du Vietnam aux côtés des régimes du bloc de l’Est, tout comme son rival sud-coréen dans le camp occidental. Entre 1967 et 1968, le pays envoie un escadron d’avions de chasse pour soutenir les forces communistes nord-vietnamiennes, constitué d’environ 150 à 200 pilotes.

Pyongyang déploie également au moins deux régiments d’artillerie antiaérienne pour combattre l’aviation américaine, et fournit en outre des armes, munitions et uniformes pour le Nord Vietnam.

► Soutien à l’Égypte dans sa guerre contre Israël

À la demande d’Anouar el-Sadate, la Corée du Nord envoie des instructeurs militaires pour former les forces égyptiennes, quelques mois avant le début de la guerre du Kippour le 6 octobre 1973, ainsi qu’une vingtaine de pilotes. Ces derniers participent directement au conflit et affrontent l’aviation israélienne. La Corée du Nord finit par perdre au moins deux chasseurs MiG-21.

Toutefois, Pyongyang n’a jamais reconnu officiellement le déploiement de ses militaires en Égypte.

► Formation pour l’Angola et l’ANC de Mandela

L’Angola obtient son indépendance du Portugal en 1975 mais le pays s’enlise aussitôt dans une guerre civile opposant différents mouvements indépendantistes dans le contexte de la Guerre froide. Dans les années 1970 et 1980, Pyongyang envoie une mission militaire composée de 1 500 à 3 000 hommes, constituée de soldats et de conseillers, afin de soutenir le mouvement communiste MPLA, qui finira par emporter la guerre civile en 2002. Les troupes nord-coréennes auraient même combattu pendant le conflit.

Les instructeurs nord-coréens présents en Angola pendant le conflit procurent par ailleurs une formation militaire aux militants du Congrès national africain, le mouvement de Nelson Mandela luttant contre l’apartheid en Afrique du Sud.

► Assistance militaire au Hezbollah libanais

Après la fin de la Guerre froide, le soutien militaire de Pyongyang aux régimes communistes et groupes armés s’affaiblit. Plusieurs pays mettent fin à leur coopération avec la Corée du Nord, en raison des sanctions des Nations unies contre le programme d’armes nucléaires nord-coréen.

Néanmoins, vers 2004, soit deux ans avant le début de l’invasion israélienne du Liban, des combattants du mouvement islamiste libanais Hezbollah auraient bénéficié d’une formation aux tactiques de la guérilla, procurées par la Corée du Nord (1).

► La guerre civile en Syrie

Alliée de longue date du régime syrien, la Corée du Nord soutient le gouvernement de Bachar Al Assad dans la guerre civile depuis 2011. En 2013, le quotidien sud-coréen Chosun Ilbo rapporte que des officiers nord-coréens sont déployés à Alep pour aider les forces gouvernementales à affronter les insurgés.

Selon les informations de l’agence russe Tass datant de 2016, des troupes nord-coréennes se battaient alors aux côtés des forces armées syriennes pour défendre le régime de Bachar Al Assad.

(1) Hémez, Rémy. « La Corée du Nord : proliférateur mercenaire ? ». Revue Défense Nationale, 2015/1 N° 776, 2015. p. 62-67.