(Jérusalem) Le secrétaire d’État américain, Antony Blinken, a entamé mardi des entretiens avec les dirigeants israéliens au début d’une tournée au Proche-Orient visant à pousser à un cessez-le-feu à Gaza et contenir l’escalade militaire régionale, au moment où Israël intensifie ses opérations au Liban contre le Hezbollah, allié de l’Iran.

Publié à 6h25

Mis à jour à 7h15

Cette 11e mission diplomatique de M. Blinken depuis le début de la guerre dévastatrice dans la bande de Gaza, déclenchée par l’attaque sans précédent du Hamas palestinien le 7 octobre 2023 en Israël, intervient près d’un mois après l’élargissement du conflit au Liban, avec le début de frappes massives israéliennes contre le mouvement islamiste Hezbollah.  

Peu après le début de ses entretiens avec le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou en début d’après-midi, l’armée israélienne a mené une nouvelle frappe sur la banlieue sud de Beyrouth, après des appels à évacuer, selon l’agence de presse libanaise ANI.  

L’armée a multiplié ses frappes depuis lundi soir près de la capitale et à travers le pays, affirmant viser des « installations militaires » du Hezbollah.  

L’un de ces bombardements a tué lundi soir 13 personnes, dont un enfant, et fait 57 blessées près du plus grand hôpital public du pays à Beyrouth, situé en dehors des bastions traditionnels du Hezbollah, selon le ministère libanais de la Santé.  

Des enfants jouaient dehors et, « quand le premier missile est tombé, suivi d’un autre, je les ai vus déchiquetés, et hurlants », témoigne Ola Fahed Eid, une actrice habitant le quartier, qui dit avoir aidé neuf rescapés à s’extraire des décombres.

L’hôpital Rafic Hariri a été légèrement endommagé, et quatre bâtiments rasés dans son voisinage, selon un correspondant de l’AFP.

Washington a affirmé lundi œuvrer à un règlement « au plus vite » du conflit au Liban, et M. Blinken entend également dissuader les Israéliens, qui préparent une riposte à une attaque de missiles menée par l’Iran le 1er octobre, de toute action susceptible d’embraser encore plus la région.  

« 300 cibles » atteintes

Lundi soir, l’armée israélienne a annoncé avoir frappé environ 300 cibles du Hezbollah en 24 heures, après avoir étendu ses attaques au système financier du puissant mouvement chiite.  

Elle a annoncé la mort en Syrie d’un haut responsable chargé des « transferts de fonds du Hezbollah » et affirmé avoir visé un bunker du groupe contenant « des dizaines de millions de dollars », après avoir entamé dimanche des frappes contre l’organisme financier Al-Qard al-Hassan.  

Le mouvement libanais a assuré mardi que cette société, partie de son réseau d’associations, écoles et hôpitaux, remplirait ses engagements envers ses épargnants.  

Amnistie internationale a estimé mardi que les raids israéliens au Liban contre des filiales de la société de microcrédits Al-Qard al-Hassan affiliée au Hezbollah devaient faire l’objet d’une enquête pour un possible « crime de guerre ».

Il a aussi revendiqué l’attaque de drone qui a visé samedi, en son absence, la résidence privée de M. Nentayahu à Césarée, dans le centre d’Israël, et à laquelle ce dernier a juré de riposter.  

Le Hezbollah a également admis compter des combattants faits « prisonniers » par Israël, sans préciser leur nombre.

Il avait plus tôt revendiqué des tirs de roquettes sur plusieurs positions militaires en Israël.

Au moins 1489 personnes ont été tuées au Liban depuis le 23 septembre, quand Israël a commencé à y pilonner le Hezbollah, d’après un décompte de l’AFP basé sur des données officielles. À la mi-octobre, l’ONU recensait près de 700 000 déplacés dans le pays.  

L’armée israélienne y mène depuis le 30 septembre des opérations terrestres dans le sud contre le Hezbollah pour permettre le retour d’environ 60 000 habitants du nord d’Israël déplacés par ses tirs de roquettes incessants depuis un an.

L’aide humanitaire à Gaza en question

Pour régler ce conflit, les États-Unis disent vouloir s’appuyer sur la résolution 1701 du Conseil de sécurité de l’ONU, qui avait acté la fin de la précédente guerre entre les deux belligérants en 2006, et stipule que les forces armées non étatiques doivent se retirer du sud du Liban, où le Hezbollah a maintenu sa présence.  

De son côté, le chef de la diplomatie iranienne, Abbas Araghchi, a de nouveau averti mardi que « l’Iran répliquera de manière équivalente » en cas d’attaque israélienne.  

Le Pentagone a entretemps annoncé la « mise en place » en Israël d’un nouveau système de défense antimissile américain.  

Antony Blinken doit se rendre mercredi en Jordanie pour discuter notamment de l’aide humanitaire dans la bande de Gaza, dévastée et assiégée.  

L’armée israélienne poursuit depuis le 6 octobre une offensive meurtrière contre le Hamas dans le nord du territoire palestinien, fui par des dizaines de milliers de Gazaouis.  

À Jabalia, où l’armée a appelé de nouveau la population à évacuer, « de nombreux hommes » ont été arrêtés, raconte à l’AFP Nevin Al-Dawasah, une ambulancière réfugiée à Gaza-ville après « 16 jours de siège sans ravitaillement » dans un centre de déplacés de la ville.

« Durant l’évacuation, il y a eu des tirs d’obus dans le centre, et nous avons eu des martyrs et des blessés » qui n’ont pas été pris en charge faute « de passage sûr pour les ambulances », dit-elle.  

Le mouvement islamiste palestinien, au pouvoir depuis 2007 à Gaza, a affirmé qu’il continuerait à se battre malgré la mort de son chef, Yahya Sinouar, cerveau de l’attaque du 7 octobre 2023, tué le 16 septembre par l’armée israélienne.

Le Hamas sera dirigé temporairement par un comité basé au Qatar avant l’élection d’un successeur, ont rapporté lundi deux sources en son sein.  

L’attaque du Hamas a entraîné la mort de 1206 personnes en Israël, majoritairement des civils, selon un décompte de l’AFP basé sur les données officielles israéliennes, incluant les otages tués ou morts en captivité.

Sur les 251 personnes alors enlevées, 97 restent otages à Gaza, dont 34 déclarées mortes par l’armée.

Au moins 42 718 Palestiniens, majoritairement des civils, ont été tués dans l’offensive israélienne menée en représailles à Gaza, selon les données du ministère de la Santé du gouvernement du Hamas, jugées fiables par l’ONU.