La rédaction vous conseille

En 2000, la Charente comptait 165 officines contre 119 au 1er octobre dernier. « Mon chiffre d’affaires n’a fait que croître mais une petite structure comme la mienne n’est pas viable pour deux pharmaciens”, observe Monique Paris. Ce qui suppose des semaines chargées. “Et dans un village, on ne peut pas développer la parapharmacie”. Elle a cherché à céder son stock auprès de ses confrères, sans grand succès. Les médicaments devraient partir au Mali. Avec le reste, elle a fait des colis aux Restos du cœur.

« Elle est dans cinq agences et une revue spécialisée. Je n’ai pas eu une seule visite »

A Brossac, Monique Duhau a prévu d’arrêter le 31 décembre, à moins que le père Noël ne lui apporte un repreneur dans sa hotte mais pour l’instant, aucune touche en vue. À Roullet aussi, la pharmacienne aimerait se reposer mais les candidats ne se bousculent pas. Rue de Périgueux, à Angoulême, Françoise Lesbarrères se refuse à fermer pour laisser un vide. « Je continue tant que j’ai le courage et que la pharmacie n’évolue pas trop vite. » Voilà des mois qu’elle cherche.

Las, Jean-Luc Dethoor a, lui, fixé une date. En mars 2026, repreneur ou pas, il tire le rideau. Le pharmacien de Balzac a mis son officine à vendre il y a un an et demi. « Elle est dans cinq agences et une revue spécialisée. Je n’ai pas eu une seule visite, alors que je suis aux portes d’Angoulême. » Il a même baissé le prix deux fois. « Je n’imaginais pas finir comme ça. Je l’ai créée il y a 40 ans, c’est un peu mon bébé. » Mais à 71 ans, l’homme est fatigué. « Je suis là à 6h30 le matin et j’ouvre le samedi matin aussi sans compter les gardes. » Avec un million de chiffre d’affaires, il vit correctement de son affaire, avec deux salariés. Mais il n’a plus aucun crédit à payer et il habite au-dessus. Pour un jeune, c’est forcément moins rentable. « Et il faut 30 % d’apport pour s’installer. »

Cédées à l’euro symbolique

« Il y a dix ans, une pharmacie qui faisait entre 1 et 1.5 million de chiffre d’affaires, c’était pas mal. Aujourd’hui, c’est petit. Il faut plutôt 1,9 ou 2 millions », constate Thierry Schmitt, responsable commercial chez POD, agence spécialisée dans la transaction de pharmacies. « Les petites structures en proximité d’une ville peuvent souffrir de la concurrence des grandes pharmacies des centres commerciaux et la profession a évolué, avec de nouvelles missions. Il faut des surfaces qui permettent cela. » Il constate que même les avantages fiscaux des zones de revitalisation rurale, comme à Saint-Genis, ne suffisent plus à attirer de futurs patrons.

Sur le site de POD, dix pharmacies cherchent preneurs dans le département. « Même en cédant à l’euro symbolique, certains ne trouvent pas », ajoute Jean-Philippe Brégère, pour l’USPO Charente, syndicat pharmacien. « Depuis quatre ans, on a des mailles qui sautent avec des pharmacies, qui étaient seules dans leur village, qui ferment. C’est terrible de ne pas réussir à transmettre son outil de travail alors que les perspectives d’évolution du métier n’ont jamais été aussi importantes. »