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Alors que Paris doit lever 300 milliards d’euros en 2025, la décision de Moody’s apparaît comme un moindre mal.

Un entre-deux qui fait les affaires de Paris. Moody’s a décidé d’exprimer son inquiétude envers les finances publiques françaises sans sanctionner trop durement le pays. L’agence de notation maintient ainsi la note de la France à «Aa2» mais assombrit sa perspective qui passe de «stable» à «négative». Cette décision «reflète le risque croissant que le gouvernement français soit peu susceptible de mettre en oeuvre des mesures qui empêcheraient des déficits budgétaires plus importants que prévu», a souligné Moody’s dans son communiqué.

Antoine Armand, ministre de l’Economie, «prend note» et affirme pouvoir «mener des réformes d’ampleur». «Oui, la France dispose de forces économiques réelles, explique-t-il. Elle est aussi capable de mener des réformes d’ampleur. Certaines ont déjà produit des résultats probants en matière d’emploi ou d’attractivité économique pour notre pays. C’est avec cette même énergie que le Gouvernement agira pour le redressement de nos finances publiques.»

Après la dissolution de juin, Moody’s s’était déjà ému du contexte politique français. «Compte tenu de l’instabilité du paysage politique, il est tout à fait possible que les objectifs (de redressement des comptes) soient abandonnés, malgré la probable pression de la Commission européenne », estimaient les analystes de l’agence. Alors que « le fardeau de la dette française est le plus élevé parmi ses pairs notés de manière similaire, le rythme de réduction du déficit de la France sera plus lent que celui de la plupart de ses pairs européens », insistaient-ils encore. 

L’analyse vaut toujours. Cette année, le déficit est attendu à 6,1 % du Produit intérieur brut (PIB) et la dette à 113 %. Dans sa trajectoire de moyen-long terme, envoyée cette semaine à Bruxelles, Bercy s’avance, à horizon 2029 à ramener le déficit à 2,8%. La dette se maintiendrait en revanche à un niveau très élevé : 115,8 %.  Or , «les performances de déficit, dette et croissance réelle de la France, réalisées en 2023 et projetées pour 2 024 et 2025 sont inférieures à ce que montrent la plupart des autres pays européens ayant la même note ou une note inférieure attribuée par Moody’s, à part l’Italie », souligne encore Éric Dor, directeur des études économiques de l’Ieseg. 

Tension sur les marchés 

Dans ces conditions, de nombreux observateurs craignaient même que l’agence dégrade la note du pays. D’autant qu’elle attribue au pays une note plus clémente que ses deux grands concurrents, Fitch et Standard & Poor’s, l’équivalent d’un 18, versus 17 pour les deux autres. Sur les marchés, les investisseurs considèrent aussi avec une nouvelle suspicion la dette française. Le choc de la dissolution est passé par là. À dix ans, la France se finance désormais plus cher que le Portugal ou l’Espagne. L’écart avec l’Allemagne, le fameux spread entre les titres obligataires, s’est aussi accru. La charge de la dette se ressent de cette tension, elle est attendue autour de 100 milliards d’euros à horizon 2029. 

D’un point de vue politique, la décision de Moody’s pourrait plutôt favoriser l’exécutif, qui affronte un débat chaotique au parlement sur le budget. En dégradant la perspective de la note française, l’agence donne des arguments au gouvernement de Michel Barnier qui peine à faire entendre aux oppositions la nécessité d’une reprise en main des comptes. 

En revanche, le fait que la note ne soit pas abaissée évite tout risque de mouvement d’humeur sur les marchés. Par définition, les investisseurs ne donnent en effet jamais de signes avant-coureurs d’une crise de la dette ou d’un accident de crédit. Ces évènements sont provoqués par l’apparition d’une mauvaise nouvelle autour de laquelle se cristallisent toutes les inquiétudes du moment. Avec un programme d’émission de dette de 300 milliards en 2025, Paris n’a pas les moyens d’une telle crise.