« Gaza est l’incarnation réelle de l’enfer sur Terre. Si ce niveau d’horreur ne réveille pas notre humanité et ne nous pousse pas à agir, alors qu’est-ce qui le fera ? » Ce cri de vérité, le porte-parole de l’Unicef, l’agence de l’ONU chargée de défendre les droits des enfants, l’a lancé le 18 octobre dernier au vu de l’insoutenable désastre humain qu’aggrave jour après jour la guerre de Netanyahou.

Au même moment, les chefs d’État ou de gouvernement européens commentaient à leur manière (dans les conclusions de leur sommet) cette même situation en ces termes : « Le Conseil européen est vivement préoccupé. (…) Il invite toutes les parties à faire preuve de la plus grande retenue. (…) Il réaffirme le droit d’Israël à se défendre ainsi que l’attachement de l’Union européenne à la sécurité d’Israël et à la stabilité régionale… »

Nulle condamnation du pouvoir d’extrême droite responsable de ces crimes de guerre et de ces crimes contre l’humanité ni, à plus forte raison, de sanction à son encontre, malgré les prises de position exceptionnellement sévères à son propos des plus hautes juridictions internationales – la Cour internationale de justice et le procureur de la Cour pénale internationale !

Comment expliquer cette complaisance et cette impunité, sinon cette connivence à l’égard du pire gouvernement qu’Israël ait jamais connu ?

Une telle insensibilité fait froid dans le dos en même temps qu’elle interroge : comment expliquer cette complaisance et cette impunité, sinon cette connivence à l’égard du pire gouvernement que ce pays ait jamais connu ? Quelle justification peuvent avancer des démocraties occidentales pour un tel déni, elles qui sont, par ailleurs, si promptes à punir les États qui attentent aux droits d’un peuple ? Les seules réponses à ces questions majeures que fournisse en l’occurrence le Conseil européen sont « le droit d’Israël à se défendre » et « l’attachement de l’UE à la sécurité d’Israël ».

La première n’est pas recevable, rien ne pouvant justifier ces crimes de masse en série – pas même la riposte à l’épouvantable attaque terroriste du 7 octobre 2023. Quant à la sécurité d’Israël, elle relève, certes, d’une préoccupation légitimée par l’histoire. Mais qui peut croire qu’organiser l’anéantissement de Gaza, semer la mort, la faim et la terreur parmi ses 2,4 millions d’habitants, déshumaniser son peuple au point de le traiter d’« animaux humains » prépare un avenir de paix pour la société israélienne !

Qui peut ignorer cette évidence, internationalement reconnue depuis 1967 : la sécurité d’Israël est intimement liée à l’établissement d’une paix juste et durable avec ses voisins, ce qui passe en premier lieu par la fin de l’occupation et de la colonisation des territoires palestiniens. Ofer Bronchtein, ancien conseiller d’Yitzhak Rabin, que personne ne peut suspecter de sympathie pour le Hamas, le Hezbollah ou le régime iranien, s’est dit lui-même convaincu, sur TF1 le 2 octobre, que « s’il y avait eu un État palestinien, il n’y aurait pas eu le 7 octobre » (1).

Or Netanyahou et ses semblables s’opposent à toute perspective de création d’un État palestinien, comme ils ont systématiquement rejeté depuis 2002 le plan de paix de la Ligue des États arabes proposant la normalisation des relations avec Israël dans le cadre d’une paix globale comprenant l’ensemble des pays arabes, en échange du retrait total des territoires occupés et de la reconnaissance d’un État palestinien sur la base des résolutions de l’ONU.

Là est l’avenir pour tous les peuples de la région. Couvrir les ennemis de cette perspective de paix, c’est se condamner à accepter l’inacceptable.

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