En France, le désarroi des Libanais dont les visas expirent

by SowetoNecklace

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  1. **Compte tenu de la situation sécuritaire dans leur pays, plusieurs centaines de Libanais voudraient prolonger leur séjour dans l’Hexagone. Mais les réponses des préfectures à leurs demandes oscillent entre silence et refus.**

    Marlène (toutes les personnes citées par leur prénom ont souhaité conserver leur anonymat) avait besoin d’aide pour gérer la rentrée scolaire de ses deux filles. Cette Franco-Libanaise, mariée à un Français et installée dans le Val-de-Marne depuis 2021, a fait venir sa mère de Beyrouth, le 1er septembre. Son séjour ne devait durer que quelques semaines, mais, depuis le 23 septembre et le début de la campagne de frappes aériennes israéliennes quotidiennes, le Liban est en proie à l’une des pires catastrophes humanitaires de son histoire. Alors Marlène a souhaité que sa mère reste davantage. *« Elle a 76 ans, elle habite seule à Beyrouth et je suis fille unique. S’il y a quoi que ce soit, elle ne peut partir nulle part. Je crains pour elle »*, confie-t-elle.

    La mère de Marlène n’a cependant pas le droit de rester en France au-delà de ce que l’y autorise son visa de tourisme, c’est-à-dire après le 12 novembre. *« Depuis le 1er octobre, j’ai contacté toutes les administrations pour faire prolonger son visa*, relate la Franco-Libanaise. *La préfecture ne me répond ni par e-mail ni au téléphone. J’ai envoyé des lettres en recommandé, sans succès. J’ai écrit à la cellule de crise [du ministère des affaires étrangères], à l’Elysée. Aucun être humain ne me répond. Elle va se retrouver en situation irrégulière. »*

    C’est pour ne pas devenir *« sans-papiers à 70 ans »* que Gisèle Daccache a, elle, décidé de partir. Son visa a expiré le 15 octobre, alors qu’elle était venue en France, elle aussi à la fin de l’été, s’occuper de ses petites-filles, âgées de 1 an et 3 ans. Elle ne peut plus rentrer à Beyrouth désormais. *« Elle habite à cinq minutes en voiture du quartier général du Hezbollah »*, justifie son fils, Elie Dagher, un Franco-Libanais de 36 ans, installé dans les Hauts-de-Seine et dirigeant de sociétés dans l’immobilier. Le fils dit s’être démené pour prolonger le visa de sa mère, en vain. *« La sous-préfecture de Boulogne-Billancourt se borne à nous écrire que “le ministère n’a pas encore envoyé de directive concernant les ressortissants libanais”. En attendant, on n’a plus de solution. Mardi, ma mère part à Dubaï, où vit ma sœur. »*

    **Motifs humanitaires ou familiaux**

    Selon le ministère de l’intérieur, il y avait, fin 2023, quelque 30 000 titres de séjour et plus de 104 000 visas (très majoritairement de court séjour) délivrés à des Libanais et en cours de validité, *« ce qui ne signifie pas que tous sont présents sur le territoire national »*. L’ambassade du Liban à Paris a reçu environ 350 sollicitations de Libanais se trouvant confrontés à l’expiration de leur visa et aux refus ou aux silences des préfectures. *« On est en train d’essayer de régler ça avec le ministère de l’intérieur »*, assure au Monde l’ambassade.

    Place Beauvau, on indique qu’*« il n’y a pas de politique systématique »* et qu’*« un examen [des situations] au cas par cas par les préfectures »* prévaut. Selon le droit en vigueur, un visa peut être prolongé de façon exceptionnelle en cas de *« force majeure, c’est-à-dire imprévisible, insurmontable et indépendant de [la] volonté »* du demandeur. La prorogation ne se justifie que pour des motifs humanitaires ou familiaux.

    C’est ce qu’a tenté de faire valoir Samir, un Libanais de 26 ans, arrivé le 17 octobre à Lyon, où il a de la famille éloignée. *« J’étais venu pour faire du tourisme*, explique cet analyste qui travaille pour une société française. *Je n’ai aucune intention de m’installer en France, mais, compte tenu de la situation sécuritaire et du risque de coupures Internet, je voulais juste une extension d’un ou deux mois pour pouvoir continuer à travailler. A Saadiyat, où j’habite avec ma famille, une roquette a explosé sur un garage automobile à 5 mètres de chez nous, le 25 septembre. »*

    La préfecture du Rhône a rejeté sa demande, *« en application des directives ministérielles »*, sans précisions, et au motif que *« les liaisons aériennes avec le Liban n’ont pas été interrompues »*, peut-on lire dans l’e-mail envoyé à Samir. Le jeune homme a donc repris un avion le 24 octobre, à l’expiration de son visa, mais il a atterri en Jordanie, où son employeur lui loue une chambre d’hôtel.

    **« Aucune dérogation »**

    Dans les Hauts-de-Seine, l’avocate Anne Mileo, qui a contacté la préfecture pour des prolongations de visas, a reçu un e-mail du service de l’immigration qui lui indique qu’*« aucune dérogation du droit commun n’est appliquée aux Libanais »*, rapporte-t-elle. Elle a sollicité le préfet pour savoir si la *« force majeure »* peut être retenue, elle attend son retour.

    Une attitude qui ne surprend pas Patrick Berdugo, coprésident de l’association Avocats pour la défense des droits des étrangers : *« L’administration veut éviter que les gens puissent, à terme, solliciter un titre de séjour, donc elle préfère les maintenir dans la précarité*, estime-t-il. *C’était déjà le cas pour les Haïtiens au printemps, au moment où l’aéroport de Port-au-Prince était fermé et que le pays se trouvait dans une situation de violence généralisée. »* Selon un décompte de l’Agence France-Presse établi à partir de données officielles, plus de 1 500 personnes ont été tuées au Liban depuis le 23 septembre.

  2. Non contents de laisser le Liban en proie à Israël, nous livrons les libanais nous demandant de l’aide à un sort incertain. Toutes ces années, on m’a dit que la France et le Liban avaient une relation spéciale, que les libanais étaient les bienvenus car “bon immigrés”…. jusqu’au moment où Israël a le droit de les tuer tous, car peut-être qu’il y a un agent ou soutien du Hezbollah parmi eux, alors tout est permis. Et le mieux que la France va faire c’est “exprimer sa profonde inquiétude”. Aucune sanction, pas de convocation de l’ambassadeur israélien, on n’arrête pas les festivals franco-israéliens comme on l’a fait avec le Mali. 

    Après faut pas s’étonner que les occidentaux soient vus comme des hypocrites au Moyen-Orient. Quelle honte.

  3. 100 ?

    Il y a plus de 100.000 OQTF qui ne sont pas exécutés par an dans le pays.
    Qu’ils restent ici ils ne risquent pas grand chose.

    Pour une fois que notre incompétence peut aider du monde.

  4. Ma nièce de 15 ans était venue accompagner sa grande sœur qui commençait l’université cette année. La situation au pays s’est accélérée et en parallèle son visa expirait. Elles étaient accompagnées par mon frère qui grâce à plusieurs voyages consécutifs professionnels en france avait un long visa.

    Je sais qu’il y’a la loi et les procédures à respecter mais toutes les garanties étaient données et vue la situation exceptionnelle je me suis dit qu’elle pourra au moins prolonger le visa de quelques jours.

    Consulats, ambassade, nada. Résultats le choix était soit être en france illégalement soit retour au Liban. Elle est retournée au liban, à Beyrouth bien-sûr vue que l’armée la plus moral du monde a détruit complètement notre villages à la frontière.

    Je me demande le boulanger, et le jido ( grand-père ) qui vendait du poulet en face de la maison avec sa femme qui tenait un petit champ de tomate on due faire pour voire leur maison explosé.

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