l’essentiel
Licenciée parce qu’elle n’était pas mobile, Eva a pu rebondir, malgré les difficultés, grâce à l’accompagnement de l’auto-école sociale tarbaise. Elle peut désormais ajouter le permis de conduire à son CV, lui ouvrant de nouvelles portes.

C’est un tournant décisif dans une jeune carrière désormais prête à se vivre pied au plancher. Il y a quelques mois, Eva Plaza, 19 ans, en CDI dans la restauration collective était licenciée parce que pas mobile. “Le soir, je ne pouvais pas revenir puisque les transports en commun ne sont plus disponibles.” Le permis, Eva s’y était déjà essayée. Mais dyslexique, elle avait buté sur les textes du code et fini par se décourager.

Aiguillée par la Mission locale, Eva, qui réside en quartier politique de la ville, a intégré l’auto-école sociale de Mob 65. Non sans stress. “Un permis, ça change une vie, donc ça met beaucoup de pression, détaille Florian Hourdou, responsable de l’auto-école qui l’a accompagnée. Eva a réussi avant tout grâce à elle. Elle est venue à chaque fois, a travaillé chez elle en parallèle.” Un investissement qui lui vaut de réussir le code dès son premier passage en à peine deux mois. “C’était mieux expliqué ici, avec plus de compréhension.”

Vient alors le moment de s’installer aux pédales. “Je partais vraiment de zéro.” Comme tous les candidats suivis par Mob 65, Eva dispose d’un volant d’heures supérieur au cursus classique (près de 40 h). “J’étais en stress, raconte la jeune Tarbaise. D’être directement sur la route, j’en faisais des apnées. Mais je savais pourquoi j’étais là. Il me fallait ce permis. Alors j’ai pris mon courage à deux mains.” Sous la bienveillance de Florian Hourdou, jusqu’à l’examen final : “Il a fallu dédramatiser. Le permis est souvent leur premier examen. On a fait beaucoup de parcours blancs. Je lui ai dit que l’examinateur était là pour vérifier qu’elle conduisait en sécurité.” Une approche validée par Michaël Ducrocq, le directeur de la structure : “Florian et Nadège ne sont pas juste des moniteurs. Ils ont la capacité d’appréhender ces problèmes-là, pour mobiliser et rassurer les candidats.” Avec un taux de réussite de 60 % à l’issue.

“Ça va m’ouvrir sur pas mal de choses…”

Pour Eva, l’épreuve ne sera pas simple. “Je pensais à tous les projets derrière et comment cela changerait ma vie, avoue celle qui comptait sur le soutien de ses proches. J’étais très peu confiante.” Passée en début de journée, Eva n’était pas au bout de ses peines, patientant toute la nuit derrière son ordinateur pour découvrir le verdict. “J’ai eu la réponse à 3 h du mat. Quand je l’ai su, j’étais tellement épuisée… Mais le lendemain, je l’ai crié à tout le monde. Je me suis dit : tu as réussi malgré la dyslexie. J’ai mis le temps mais je l’ai fait. J’ai appelé mon orthophoniste qui m’a aidée. Maintenant je dois le rajouter au CV. Ça va m’ouvrir sur pas mal de choses, mais je veux continuer dans la cuisine.” Avec déjà une étape en vue : l’acquisition d’une voiture.