Les ministres de la Défense allemand et britannique, Boris Pistorius et John Healey, ont signé le 23 octobre un important traité de défense, qui renforce la coopération entre les deux pays dans les domaines terrestre, maritime et aérien, ainsi que leurs capacités de frappe de précision.

Depuis des semaines, les experts tirent la sonnette d’alarme : l’OTAN et la sécurité européenne pourraient se retrouver dans une position très précaire après l’élection, mardi, d’un nouveau président américain.

Le gouvernement allemand se prépare depuis des mois à un éventuel deuxième mandat de Donald Trump, mais dautres experts suggèrent que même si la vice-présidente Kamala Harris est élue, elle détournera son attention de l’Europe pour se tourner vers la région Indo-Pacifique dès 2027.

La Dr Aylin Matlé, experte en défense, estime que le moment de la signature de l’accord n’est pas anodin.

“Même dans le cas d’une victoire de Kamala Harris, je m’attends à ce que le gouvernement américain exige beaucoup plus de ses alliés européens”, explique-t-elle. “Cet accord est certainement une nouvelle étape dans le renforcement du pilier européen de l’OTAN”.

Le ministre britannique de la Défense John Healey et son homologue allemand Boris Pistorius à Trinity House, à Londres, le mercredi 23 octobre 2024.Le ministre britannique de la Défense John Healey et son homologue allemand Boris Pistorius à Trinity House, à Londres, le mercredi 23 octobre 2024.

Le ministre britannique de la Défense John Healey et son homologue allemand Boris Pistorius à Trinity House, à Londres, le mercredi 23 octobre 2024. – Jordan Pettitt/PA

“La signature de ce traité intervient après l’initiative européenne pour les frappes à longue portée, qui se concentre sur le développement et l’acquisition de missiles à longue portée, qui sont devenus vitaux depuis le début de l’invasion russe de l’Ukraine”, ajoute-t-elle.

Préparer l’Europe a un éventuel deuxième mandat de Donald Trump

Aylin Matlé estime que l’accord de Trinity House représentera une avancée importante pour la sécurité de la région européenne de l’OTAN dans le cas d’un second mandat de Donald Trump.

Elle ajoute cependant que celui-ci ne sera “sans doute pas à lui seul la solution miracle pour sauver et aider les Européens à contribuer davantage à leur propre défense”.

“Mais je pense qu’il s’agit certainement d’une étape très importante en termes politiques, car il envoie un message à la fois au public national, mais surtout aux autres Européens et au public américain”, déclare-t-elle.

Kamala Harris lors d'un meeting de campagne à Erie le 14 octobre 2024, et Donald Trump, lors d'un meeting de campagne à Uniondale le 18 septembre 2024.Kamala Harris lors d'un meeting de campagne à Erie le 14 octobre 2024, et Donald Trump, lors d'un meeting de campagne à Uniondale le 18 septembre 2024.

Kamala Harris lors d’un meeting de campagne à Erie le 14 octobre 2024, et Donald Trump, lors d’un meeting de campagne à Uniondale le 18 septembre 2024. – AP/Copyright 2024 The AP. All rights reserved

En cas d’une deuxième présidence de Donald Trump, Aylin Matlé estime qu’il est “très probable qu’il adressera des demandes plus sévères aux Européens, en particulier à l’Allemagne, ce qu’il a déjà fait lors de son premier mandat”.

Renforcer l’autonomie de la défense européenne

L’une des critiques les plus virulentes de Donald Trump à l’encontre de l’OTAN et de Berlin en particulier est que l’Allemagne n’a pas réussi à dépenser plus de 2 % de son PIB pour la défense avant cette année.

Selon Aylin Matlé, ce traité a pour objectif principal de montrer aux États-Unis que l’Europe est prête à mieux assumer sa part dans la défense du continent, même si l’accord n’est pas encore juridiquement contraignant.

“Pour le rendre juridiquement contraignant, les deux pays ont annoncé qu’ils allaient élaborer un véritable traité, qui sera ensuite signé par les deux chefs d’État – le chancelier allemand Olaf Scholz et le Premier ministre britannique Keir Starmer – qui devrait être rédigé au début de l’année prochaine”, conclut-elle.