Le président américain nouvellement élu prétend pouvoir régler la guerre en Ukraine en 24 heures, impliquant des négociations rapides et des compromis potentiellement périlleux pour l’Ukraine. Un plan plus complexe que ce que sa rhétorique simpliste peut laisser entendre.
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– «Je réglerai le conflit en 24 heures», avait promis le désormais 47e président des Etats-Unis, Donald Trump, sans donner davantage de détails sur la façon dont il entendait procéder.
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«Je réglerai le conflit en 24 heures», avait promis le désormais 47e président des Etats-Unis, Donald Trump, à propos de la guerre en Ukraine, sans donner davantage de détails sur la façon dont il entendait procéder. Si la rhétorique paraît simpliste et potentiellement irréaliste, qu’en serait-il réellement ? Avant toute chose, il est essentiel de se rappeler qu’il existe une réelle différence entre ce que Trump dit en tant que candidat et ce qu’il pourrait effectivement faire en tant que président. «La responsabilité d’un président n’est pas la même que celle d’un candidat. Les propos sont souvent modérés une fois au pouvoir, malgré la rhétorique percutante de la campagne», souligne Emmanuel Dupuy, président de l’Institut Prospective et Sécurité en Europe (IPSE).
Toutefois, il s’agit bien là de Donald Trump, dont la diplomatie se caractérise par des actions souvent radicales et parfois sommaires, chez un président qui croit en des solutions rapides et spectaculaires. Tout cela n’est pas sans rappeler ses tentatives de diplomatie directe avec des dirigeants tels que Kim Jong-un, où il pensait qu’une rencontre symbolique pourrait suffire à transformer la dynamique géopolitique. Cette approche avait abouti à des résultats mitigés, et Emmanuel Dupuy anticipe un «pchit» similaire avec la Russie, laissant entendre que cette dernière restera quoi qu’il en soit un adversaire stratégique des Etats-Unis et qu’une relation cordiale avec Moscou ne pourra se construire «en 24 heures»…
Un plan de paix en Ukraine aux contours flous
Les détails du plan de paix de Donald Trump pour l’Ukraine, bien que rarement expliqués, ont été esquissés par son futur vice-président, J.D. Vance. Il s’agirait d’imposer un cessez-le-feu sur les positions actuelles et d’instaurer une «zone démilitarisée» en Ukraine. Cette solution pourrait ancrer un «conflit gelé», assurant à la Russie un contrôle durable sur près de 18% du territoire ukrainien, y compris la Crimée. Une telle initiative pourrait satisfaire Moscou tout en mettant l’Ukraine en position de faiblesse.
Guerre en Ukraine : assiste-t-on à un tournant dans le soutien occidental apporté à Kiev ?
Emmanuel Dupuy nuance l’idée d’un revirement total de la politique américaine. «Il n’est absolument pas question de lâcher l’Ukraine du jour au lendemain», affirme-t-il. Bien que des évolutions dans les relations bilatérales soient probables, Donald Trump pourrait chercher essentiellement à remettre en cause le leadership actuel de Volodymyr Zelensky. «Il est possible que les Américains explorent des alternatives à Zelensky», note Emmanuel Dupuy, mentionnant l’éventuel retour de Petro Porochenko, ex-président ukrainien, considéré comme plus conciliable politiquement avec les idées libérales de Trump.
Des enjeux économiques et militaires
A cet égard, la posture de Trump, axée sur le patriotisme et l’isolationnisme, pourrait bien entrer en contradiction avec les intérêts de l’industrie de défense américaine. «Trump ne devrait pas radicalement différer de ce que l’industrie américaine demande : continuer à vendre des armes», explique le spécialiste. L’aide militaire à l’Ukraine représente une aubaine pour le complexe militaro-industriel américain, offrant un terrain d’expérimentation pour ses armes et renforçant sa capacité d’exportation.
Cette réalité économique rend peu probable un retrait complet des États-Unis de la scène ukrainienne. Il ne s’agirait pas tant de suspendre les livraisons d’armements, mais plus probablement de redéfinir les relations, et d’envisager une potentielle baisse progressive des enveloppes budgétaires. «Les 61 milliards d’euros votés l’été dernier ne vont pas être remis en cause, la question du montant des aides se posera surtout lors des prochaines décisions budgétaires au Congrès, l’été prochain», précise Emmanuel Dupuy.
L’impact sur une Europe affaiblie
L’arrivée d’une administration Trump révisant le soutien à l’Ukraine pourrait avoir des répercussions significatives en Europe. Les alliés européens, déjà sous la pression de l’augmentation de leur propre effort de guerre, pourraient voir se matérialiser une Europe de l’Est vulnérable à une Russie plus audacieuse. «Temps difficiles pour l’Ukraine. Ce n’est pas que la perte du soutien US, c’est aussi l’effet de cascade sur des Européens tétanisés», prévient Joseph Henrotin, le rédacteur en chef de la revue de défense et de stratégie DSI, sur X, ce mercredi matin. Qu’il débranche l’aide américaine à l’Ukraine, qu’il pousse le président ukrainien Volodymyr Zelensky à négocier en position de faiblesse avec Moscou, et c’est toute l’Europe qui en sera affectée, affaiblie.
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